J’ai échappé à l’opération !

Ceux qui suivent mon blog savent que pour célébrer avec un peu d’avance mon entrée dans le quatrième âge (!) je me lance dans une aventure originale. Je viens de terminer un manuscrit de plus de 100 pages et vais partir dans 10 jours quelques semaines en Suisse, tenter de trouver un éditeur. Pour ceux qui auraient ‘manqué le début’ sachez que né borgne et n’ayant jamais accepté mon handicap j’ai eu une vie sortant de l’ordinaire… c’est le moins qu’on en puisse dire.  J’ai donc compilé les vicissitudes de l’existence d’un demi voyant! C’est vrai qu’il ne doit pas y avoir beaucoup de borgnes qui ont piloté leur moto à 285 km/h, des voitures de près de 500 CV à 320 km/h, fait des expéditions en Laponie et en Alaska, plus de 350 km à ski de fond dans le grand Nord à des températures de moins 38°, de la haute montagne jusqu’à 7600 m. d’altitude sur le pentes du Cho Oyu un des quatorze 8000 m de l’Himalaya, après avoir parcouru, à l’ancienne, 450 km à pied en 34 jours de marche d’approche, qui ont piloté des parapentes, des montgolfières et des dirigeables. Il faut encore ajouter quelques dizaines de milliers de kilomètres à vélo de course, des milliers de kilomètres à ski de fond, des Hautes Routes de Chamonix à Zermatt avec skis et peaux de phoque et même titulaire d’un brevet fédéral de professeur de ski avec une patente vaudoise!

J’ai sans modestie décrété que cette trajectoire avec un seul oeil méritait d’être racontée. Dont acte, mais je suis toujours à la recherche d’un éditeur d’ou mon escapade prochaine sur les rives Lémaniques.

Le 31 juillet passé, sous le titre « Je tiens parole » vous avez pu lire ici même quelques ‘bonnes feuilles’ de mon futur livre. Je récidive avec une seconde ‘livraison’ avant de mettre  mes activités épistolaires en veilleuse pendant un certain temps!

Bonne lecture et merci de vous tenir les pouces pour la réussite de mon entreprise.

A bientôt

 

Quelques lignes de mon projet de livre qui pourrait s’intituler: 

Le cyclope qui pensant avoir deux yeux et qui a réussi sa vie avec un seul !

Ce titre provisoire est un ‘Clin d’œil’ c’est le cas de le dire, à Arto Paasilinna un écrivain finlandais truculent, spécialiste des titres originaux.

  

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J’avais 6 ans.

Mon père avait pris rendez-vous à Lausanne à l’Hôpital ophtalmologique qu’on connaissant alors sous le nom d’ASILE DES AVEUGLES, ce qui n’encourageait pas de s’y faire ‘tripoter’ un unique œil valide.

 

En ces temps préhistoriques des traitements oculaires on pratiquait déjà un test basique que ceux qui ont fait un examen de la vue connaissent : On vous montre une scène avec un animal et une cage. Il s’agit de faire entrer l’animal dans la cage. C’est très simple… mais impossible pour moi ! 

C’est du reste pourquoi je n’ai jamais pu goûter à ce jeu très en vogue du temps de mon enfance :

image.png◀︎  Le stéréoscope View Master.

Ce ‘gadget’ permettait de comprendre le phénomène de la perception du relief grâce à la superposition de deux images, prises du même sujet ou paysage mais sous deux angles différents mais bien sûr destinés à ceux qui ont deux yeux !

Revenons à la réception à l’Asile des aveugles où nous sommes accueillis par un ophtalmologue en blouse blanche (En 1947 on n’avait pas encore pensé au vert pour les blouses des toubibs, couleur plus avenante et tranquillisante pour le patient !) Il nous donne quelques détails que je n’ai jamais oubliés sur le déroulement de l’opération. Je revois encore une inscription à la craie sur une sorte de tableau de couleur verte, vous noterez la précision de mes souvenirs qui ont hanté mes jours et mes nuits à la suite de cette visite à ‘La Mecque des yeux lausannoise’ ! Le titre du tableau était « Opérations » et l’inscription unique : Norbert Duvoisin  08:00 avec la date du lendemain…

Mon père : « Y a-t-il des risques ? » « Très peu, c’est une opération assez banale : On pratique deux petites incisions, une de chaque côté de l’œil, on fait deux coupes du muscle oculaire, on ‘tire’ depuis l’extérieur pour redresser le strabisme, on suture et voilà le travail ! Le seul inconvénient serait qu’on perde le contrôle de l’œil et qu’il tourne sur lui même… A 6 ans nous avons des souvenirs précis et pour ceux qui pensent que j’affabule au sujet de cette ‘énormité’ attendez, ce n’est pas terminé ! A la stupéfaction de mon père le professionnel minimise les conséquences de cet éventuel très rare échec de la manœuvre : « De toutes façons ça ne changerait pas la vie de votre fils puisque cet œil ne voit pas ». « Donc vous dites que cette opération ne corrigerait pas sa vue ? » « Non, bien sûr, il ne s’agit que d’une opération esthétique de suppression du strabisme en vue d’améliorer son confort de vie ! »  Vous me permettrez de douter d’une amélioration de confort avec un œil retourné… La suite est encore plus présente dans la mémoire du gosse que j’étais: Après le renoncement de mon père à cette inutile charcuterie ‘médiévale’ je revois notre interlocuteur saisir une éponge et effacer mon nom du tableau. Ouf !

 

6 commentaires sur “J’ai échappé à l’opération !

  1. Merci ‘Harleyte’ mais je ne crois pas que ce soit vraiment du courage… juste une question de volonté. Volonté d’entreprendre une activité dite dangereuse, que ce soit avec un ou deux yeux, c’est une décision. Oser le faire devient du courage… ou de l’inconscience. L’essentiel est de pratiquer ‘avec modération’. Ha Ha Ha! Gaz.

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  2. Salut akimismo. ton histoire m’a beaucoup émue . Je suis sur que nous sommes nombreux à avoir envie de connaitre la suite, avec ton parcours très singulier…

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