Le Champagne me soûle !

Mais comme je n’en consomme jamais, je devrais plutôt dire que le Champagne me rend ivre de rage. Je justifie les raisons de ce courroux :

Ma commune d’origine se situe en Helvétie, dans le Canton de Vaud, au pied du Jura, le long du Lac de Neuchâtel. Elle est limitrophe d’un village de 1034 habitants au nom charmant de Champagne. Oui : CH-1424 Champagne, connu sous ce nom depuis l’an 155, j’ai bien dit cent cinquante cinq. Ça fait pas mal de temps non ? C’est une commune viticole qui produit un Chasselas parfaitement buvable, n’en déplaise aux pisse froids. Jusqu’en 1996, Champagne (Vaud, Suisse)  affichait son origine sur les étiquettes de ses bouteilles.

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Conséquence des honteux accords bilatéraux entre la Suisse et l’Europe, l’appellation ‘Champagne’ a été totalement interdite pour les vins de Champagne, Vaud, Suisse !

Si les amateurs des Côtes du Rhône peuvent dire : On va prendre un verre de  Gigondas, je ne vois pas pourquoi ceux de Champagne, Fontanezier, Bonvillars ou Vaugondry  n’auraient pas le droit d’aller au bistrot, boire 3 décis de Champagne !

Et bien… non.

Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), la très puissante et riche association, avec les meilleurs avocats de l’Hexagone et d’ailleurs, qui chapeaute les fabricants d’un pinard effervescent assez quelconque,  a réussi à faire interdire l’appellation Champagne pour un vin traditionnel, dit ‘tranquille’ donc sans bulles, produit depuis l’an 885, oui huit cent quatre vingt cinq, à Champagne, Vaud, Suisse !

Lâchés par les politiques, les vignerons de Champagne (Vaud, Suisse… bon on le saura !) ont eu à choisir entre crever de faim en renonçant à la viticulture ou changer d’appellation. C’est ainsi que le vin de Champagne est commercialisé sous le nom d’une commune voisine, Bonvillars.

Une coupure de presse souvenir :

En décembre 1998, le quodidien «24heures» racontait comment Jacques Chirac avait évoqué ce problème, à sa manière, lors d’un repas offert par le Conseil fédéral helvétique. Alors que le président Cotti se félicitait des «relations sans nuage» entre les deux pays, Jacques Chirac avait objecté: «Il y a une bulle». Il faisait référence au conflit concernant l’utilisation du nom «Champagne» qui opposait les producteurs de vin de la région de Bonvillars à ceux des prestigieux péteux de la région de Champagne dans l’Est de la France.

Il s’agit d’une histoire sans fin, s’agissant du combat de David (180’000 bouteilles produites annuellement à Champagne, Vaud) contre Goliath (304’000’000 flacons en Champagne, France. Vous avez bien lu : 304 millions de bouteilles contre 180 mille !)

Champagne, Vaud, produit du vin depuis l’an 885… alors que le l’inventeur du Champagne français, Dom Pérignon, est né en 1639 soit 750 ans plus tard.

Pour terminer ma distillation de fiel contre les marchands de mousseux des Ardennes et de la Marne, je me permets ( Je n’ai pas écrit je m’Epernay !), de faire un copié collé de Wikimachin assez éloquent, avec mes affectueuses excuses à un lecteur proche de la région concernée par mon coup de gueule. Il se reconnaîtra :

Pierre Pérignon, dit Dom Pérignon, né à Sainte-Menehould en décembre 1638 ou janvier 1639 et mort dans l’abbaye Saint-Pierre d’Hautvillers le 24 septembre 1715, est un moine bénédictin qui, selon la légende, a importé de Limoux, qui produit le plus ancien vin effervescent du monde, la méthode de la prise de mousse du vin dite méthode champenoise — il est de ce fait considéré comme l’inventeur du champagne.

La Blanquette de Limoux étant un vin à bulles existant bien avant le Champagne, un autre vin à bulles, me pardonnerez-vous le syllogisme iconoclaste : le Champagne n’est qu’un ersatz de Blanquette de Limoux ?

Il ne manquerait plus qu’un historien dise que la Blanquette de Limoux a été inspirée par la Clairette de Die, le Crémant du Jura, le Prosecco di Conegliano Valdobbiadene … et même l’excellent Baccara rosé de Satigny dans le canton de Genève! Pour ma part je ne bois (bien sûr avec modération !) que du Cava Catalan, un excellent mousseux élevé selon la méthode champenoise traditionnelle, une précision qu’ils n’ont pas le droit de revendiquer… Gare aux avocats de Reims.

Moi, j’ose affirmer que le Cava espagnol est élaboré selon la méthode champenoise traditionnelle… et si le C.I.V.C. (le comité champenois) devait me faire un procès, je sais que ceux de Limoux, de Die et du Cerdon me soutiendraient. Même dans la région de production du très bon Prosecco del Veneto, j’aurais l’appui d’une autre ‘association de malfaiteurs’, italienne celle-là…

A votre santé !

 

 

 

 

 

 

5 commentaires sur “Le Champagne me soûle !

  1. Salut ! Si ton histoire est vraie (ce dont je ne doute pas un seul instant) on marche sur la tête ! Comment peut-on en arriver là ?! Les accords datent de quand ?

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  2. 1996 sauf erreur. Les Suisses ont, par référendum, refusé d’adhérer à la communauté européenne en décembre 1992. Depuis, une ‘chiée’ d’accords bilatéraux ont été signés avec la pieuvre européenne… dont ce fameux accord pour déchoir Champagne, mon village vaudois, du droit d’appeler son vin Champagne. C’est tout! Merci Ernest de me suivre et à bientôt, j’espère!

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    1. C’est vrai que le boulanger de Champagne a dû y laisser une fortune considérable pour essayer de faire taire ces ‘cons’ de fabricants de péteux. Bonne route!

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