Fontaine de Vaucluse

Pendant notre escapade de janvier dans le Lubéron, nous avons profité d’admirer, une fois de plus, cette extraordinaire curiosité hydraulique près de l’Isle-sur-la-Sorgue.

Comme on parle de la source de la Sorgue et de sa résurgence à Fontaine de Vaucluse, mes ami-es linguistes qui, contrairement à moi, ont fait des études, appris le latin et obtenu le Bac (pour ce que ça sert, aurait dit Coluche) auront bien sûr noté qu’il s’agit d’un quintuple pléonasme. Pour les non-lettrés, je vous aide : Une résurgence correspond à des eaux souterraines qui ressortent à la surface, donc une source, alors qu’une ‘fontaine’, du latin aqua fontana, dérivé de fons (en italien fonte, espagnol fuente) est aussi une source. La Sorgue, la rivière qui nous occupe, nous ramène encore à une source, qui n’emprunterait pas la directissime, allusion à son parcours souterrain tortueux et compliqué mais aussi aux ‘méandres’ de son étymologie.

Essayons d’y voir plus clair, c’est le cas de le dire puisque, le mot sorgue est une variante phonétique du moyen français sorne (soir) et de l’occitan sorn (ombre, obscur). Peut-être pour nous rappeler notre ignorance quant à ses origines ?

Cherchons plus loin que le latin, hé hé (!) en restant en France, mais et passant par la Grèce. La Sorgue, en grec ancien, était appelée ‘sulgas’, donc Σούλγας pour ceux qui ont fait des études mais sans aucune garantie quant à l’orthographe car je n’ai pas plus étudié le grec que le latin, des langues qui n’avaient pas trouvé l’adresse de l’école primaire de mon village, l’unique établissement scolaire où j’ai acquis les bases de ma maigre culture ! Plus tard, Pline l’Ancien désigne cette résurgence comme la nobilis fons Sorgæ, mais vous me permettrez de préférer l’origine purement provençale de la Sorgue, qui serait ‘sourgènt’ ou ‘surgènt’, ne sais pas… car le provençal s’écrivait peu avant Frédéric Mistral, évoquant la naissance d’une source ou, pour les linguistes : Un trau d’aigo avenado pèr courrènt o pèr sourgènt.

Pour pinailler un peu, ajoutons que Vaucluse vient de valle clusa, ou Vaucluso, soit vallée fermée et qu’une vallée fermée, avec une rivière, commence forcément par… une source… bravo vous pouvez revenir en deuxième semaine, encore une répétition cacophonique, le cinquième pléonasme de notre propos ! 

Alors, pourquoi ne pas remplacer

La source de la Sorgue et sa résurgence de Fontaine de Vaucluse

par

La source qui est source d’une source, issue de la source de cette source ?

La logorrhée verbale est terminée, veuillez ranger vos cahiers, serrer vos effets et vous pouvez vous ruer sur votre smartmachin pour vérifier mes propos… hé ! je ne suis pas dupe hein ? 

‘La’ Fontaine de Vaucluse, en « temps normal », semble n’être qu’un simple puit !

Mais, en cas de crue exceptionnelle de la Sorgue à Fontaine de Vaucluse, comme ce fut le cas fin novembre 2019, le niveau d’eau de la résurgence atteint +23,6 mètres et un débit de 72 m3 par secondes, très proche du record de +23,8 mètres (1994) !

Enfin, pour illustrer les résurgences et leurs hydronymies, voici une vidéo que j’ai faite du ‘reventón’ du Rio Mundo, en Andalousie à moins de 20 km de chez nous, qui se produit parfois, lors d’hivers très pluvieux. Il s’agit là aussi d’une résurgence, mais bien plus spectaculaire que celle de la Sorgue… n’en déplaise à mes amis Français !

J’ai traduit pour vous !

A plusieurs reprises, j’ai publié ici des traductions de textes d’Arturo Pérez Reverte, académicien de la Real Academia Española, romancier, et surtout éditorialiste pamphlétaire ! Je lui soumets toujours mes écrits et son assistante vient de valider une nouvelle traduction qui, j’espère, vous fera sourire… pour le moins.

Voici le mail que je viens de recevoir: “Por indicación del Sr. Pérez-Reverte le transmito la autorización para publicar en su blog la traducción al francés del artículo Me tenéis acorralado, cabrones, XLSemanal 27.10.2022, del que es autor don Arturo”.

Il s’agit d’un ‘coup de gueule’ paru dans XLSemanal, le supplément hebdomadaire de mon journal, et ceux qui connaissent mon aversion pour les téléphones portables, comprendront que je suis heureux de partager les idées et la verve d’un personnage ‘aussi haut en couleurs’ que lui !

Cornelia insiste pour que je prenne son ancien Nokia quand je m’aventure sur des chemins un peu… escarpés, en promenant Nico ! Elle a installé une carte à prépaiement, dont je ne connais même pas le numéro. Nous rechargeons (obligatoirement) une colossale somme de 5 euros (le minimum possible) chaque 6 mois, investissement perdu, puisque je n’utilise jamais cet appareil.

Place à Arturo Pérez Reverte, traduit par akimismo :

Vous m’avez coincé… bande de crapules !

(Titre original Me tenéis acorralado, cabrones)

En principe, je me retiens, mais il y a des limites, et elles sont franchies. Avec mon vieux téléphone portable Nokia dans la poche, qui me sert à… téléphoner (!), donc sans Internet, ni applications, ni whatsmachin, je n’ai besoin de rien transporter d’autre sur moi, même si ça contrarie mes amis connectés ! Hein… t’as pas WhatsApp ?

J’ai bien sûr un ordinateur, comme tout le monde, que je croyais suffire à mes nécessités, je dis bien ‘que je croyais’… naïf, car il semble qu’actuellement ce ne soit plus le cas, que le monde entier se soit ligué contre moi, m’obligeant à utiliser une de ces incongruités de smartphones. Pour me pourrir la vie, bande de crapules !  Je comprends que, pour leur travail, ou par goût personnel, certains aient besoin ou désirent avoir un mobile. C’est leur droit, chacun étant libre d’organiser sa vie comme il le veut… mais fichez la paix aux autres, et laissez-nous le choix de notre modus vivendi.

Oubliez les fallacieux prétextes utilisés par les banques, lignes aériennes, de toutes les corporations et négoces sans scrupules qui affirment que cette nouvelle technologie vous facilite la vie en abaissant les couts de leurs services. Tu parles ! Ils nous empêchent surtout de renoncer à ces, euh… facilités, nous qui n’avons rien demandé.

Personnellement, ce qui me faciliterait la vie, serait de recevoir du courrier, traditionnellement sur papier, permettant d’archiver les documents importants comme les quittances de l’électricité, de l’eau, des impôts et toutes les communications officielles, même … les amendes !

Je ne vois pas pourquoi je devrais passer une heure à déchiffrer si la télé consomme plus ou moins de courant que le lave-vaisselle, ni convertir une opération bancaire ou tout paiement de taxe municipale en un imbroglio compliqué plein de codes, de clés, de signatures électroniques et de confirmations d’identité. Tout ceci, bien entendu, à la condition qu’aucune interférence cybernétique ne te renvoie au point de départ…

L’immense problème actuel, dû à la main mise de la grande pute (Don Arturo dixit !) informatique, est que de moins en moins d’opérations peuvent s’imprimer. Essayez avec la carte d’embarquement pour prendre l’avion, l’entrée au cinéma, ou au musée, toutes manoeuvres impossibles sans un téléphone ‘intelligent’ avec des codes QR. De plus en plus d’opérations impossibles à réaliser avec un document imprimé ! Je l’ai vécu au cinéma l’autre jour, avec les billets d’une compagnie aérienne et la réservation d’un hôtel.

Un téléphone dit intelligent de la dernière génération s’avère un outil indispensable, aussi pour ceux qui n’en veulent pas ou qui ne savent pas l’utiliser, sans parler ceux qui n’en possèdent pas !

Si vous voulez voyager, gérer quelque chose, bref… vivre, vous êtes condamné à toutes sortes de saletés d’applications, à vous immerger dans ce stupide monde virtuel de messages, clés, mots de passe et dépendance. Bien sûr que les gamins, que nous avons éduqués dans la suicidaire négation du désastre, semblent nés déjà dressés. Tant mieux pour eux mais… que se passe-t-il pour les aînés ? Quid de ceux qui ne peuvent pas, ou ne désirent pas s’adapter à cette forme de vie ?

Les solutions qu’on nous propose donnent la chair de poule, du genre cours pour le troisième âge qui devraient permettre, à nous les ‘vioques’, de nous adapter. Pour que les octogénaires qui n’ont pas de neveux, fils ou petits fils, apprennent à décharger les indispensables applications pour supporter ce qui leur reste d’espérance de vie, l’oeil et l’oreille vissés à leur mobile !

Y en a marre, et je vous laisse continuer à brouter avec le troupeau, étant entendu que la comédie et les contraintes sont irréversibles et que nous sommes condamnés à les subir, en bouffant tous dans la même auge.

Ma seule consolation est de disposer de cette page hebdomadaire pour me défouler, parfois en distillant mon fiel. (Note du traducteur : Et moi aussi j’en profite, en vous lisant. Merci Don Arturo !).

Je peux ainsi vouer le système aux gémonies et vomir sur ceux qui me poussent, comme le reste du bétail soumis, dans ce cul de sac… sans issue, comme son nom l’indique !

Reste-t-il une alternative pour ne pas rejoindre ceux qui trouvent normale l’aide de leur smart au moment d’embarquer dans un avion, de régler à distance la température de leur logement, et même de lire le code QR des menus au restaurant ? Ceux qui souffrent d’une dépendance maladive à leur stupide accessoire ? Ceux qui sont désespérés quand ils perdent leur missel moderne, quand on le leur vole ou qu’une chute sur le sol le met en pièces détachées ? Ceux qui pleurent la perte de leurs photos de famille et des applications qui leur permettent de survivre dans le monde hyper-connecté actuel ?

Sans parler de ceux qui hurlent leur désespoir parce qu’on on les a ‘hackés’ depuis Singapour, la Patagonie ou plus certainement depuis le Niger.

Être âgé et ‘amorti’ me permet de rêver, je le jure sur le Sceptre d’Ottokar, d’un iceberg géant, plus grand que celui qui coulé le Titanic, d’une monstrueuse tornade ou explosion solaire, d’une extinction planétaire totale… qui enverrait tous les smart phones et leurs applications se faire foutre (NdT Désolé pour les prudes oreilles de mes lectrices mais c’est la traduction du mot ‘puñetas’ utilisé par M. Reverte) et laisser l’humanité se regarder sans savoir que faire ni comment le faire.

Et moi, bien évidemment, j’irai avec vous tous… manquerait plus que ça, mais vous me reconnaîtrez dans le troupeau puisque je serai le seul à m’esclaffer, hilare comme Samson devant les Philistins, alors qu’utilisant sa force magique, il avait provoqué l’écroulement du temple sur les tyrans et sur tout le peuple qui s’y trouvait.

(Dernière note du traducteur : « Don Arturo… me permettrez-vous de vous accompagner dans ce fou rire ? »

Le retour d’akimismo !

Bon… j’admets que celle-ci je vous l’ai déjà servie, mais j’ajoute : Peut-on revenir… sans être parti ?

Je vous imagine en train de ricaner, de conclure qu’akimismo déconne, déraille, qu’il dévisse (une situation grave pour un ancien alpiniste). C’est pourtant mon ressenti après plus de 2 mois de quasi inactivité sur ce blog. Hein, deux mois ? Oui, décembre étant une période qui m’éloigne de vos habitudes, de toutes vos obligations, agitations, célébrations, cadeaux (bien sûr revendus sur Amazon le premier jour ouvrable qui suit les festivités), abus d’alcool, goinfreries, j’en passe !

Puis est arrivé janvier, mon mois préféré. Les économies faites en décembre nous ont permis de partir 31 jours en vacances hivernales. Avec notre camping-car, et bien sûr notre chien Nico, nous avons suivi les côtes méditerranéennes, en principe tempérées (tu parles !).

Tiens, notre chien… il désirait apprendre l’anglais mais voulait que ça aille vite. Il a donc creusé dans le sable, suivant la directissime pour aller en Nouvelle Zélande…

En faisant du camping en hiver nous trouvons des poètes optismistes. Par exemple, nous avons lu sur le camping-car d’un éphémère voisin allemand :

Trop vieux pour travailler

Trop jeune pour mourir

Le bon moment pour voyager !

J’aime cette profession de foi. Et vous ?

Notre périple passait par l’Isle sur la Sorgue, dans le Vaucluse, ce qui nous a permis de sortir du virtuel et de revoir ‘à de vrai’ des amis longtemps éloignés, géographiquement et ‘covidialement ’.

Nous n’avons donc pas eu l’impression d’être partis car la connexion enfin généralisée en Europe et les bonnes conditions de ‘roaming’ nous ont permis de vous suivre sur le net. Donc, à défaut d’implication et de publications, ce furent deux mois de participation passive. D’où mon commentaire : Peut-on revenir… sans être parti ?

Je n’ai pas beaucoup mis mes doigts de pieds en éventail dans le sable (Eh ! Il faisait moins 6° au pied du Luberon…) mais j’ai profité de compiler des notes jamais mises à jour, des journaux seulement partiellement lus et de penser à quelques textes dont vous bénéficierez (vous avez dit ‘bénéficier’ ? …) bientôt. Mais, j’ai encore pas mal de brouillons en retard à peaufiner, de livres à lire, d’articles à traduire, tout un programme qui occupe normalement mes voyages. C’est pourquoi nous songeons déjà à de prochaines vacances. Ce pourrait être juste après les fêtes de Pâques… au bord de l’Atlantique !

J’ai bien dit: L’ Atlantique, car la Méditerranée c’est vraiment trop pénible. Non mais…

Encore une précision pour mes ami-es Français : j’avais pensé reprendre la plume (ou le clavier) plus tôt mais j’ai préféré vous laisser le temps de regagner tranquillement votre logement au retour des diverses représentations du Cirque dans la Rue, malheureusement devenues la norme dans ce qui fut votre beau pays.

Au fait… vous-ai-je dit que je touche une maigre retraite helvétique depuis près de 20 ans, en n’ayant travaillé que pendant 49 ans, en ne cotisant que 47 annuités. Je devrais avoir honte de profiter du système !

A très bientôt !

Akimismo, bien reposé et en pleine forme

Voyage en Scandinavie…

… à moins qu’il ne s’agisse de la Sibérie, ou de la partie septentrionale de la Laponie, en passant par la Steppe des Kirghizes et le Pôle Nord!

‘Flash back’: Je vous avais quitté à la fin de l’été 2022… donc au début décembre en Espagne, pour éviter de subir les excès des fêtes de fin d’année et des célébrations qui ne m’intéressent pas. Je vous avais dit que les économies réalisées par mon renoncement aux dites festivités me permettraient d’aborder janvier 2023 assez à l’aise financièrement.

Nous avons donc pris la route de la Méditerranée avec notre camping-car le 10 janvier et je me suis voté (moi aussi je suis spécialiste du 49.3!) un prolongement des vacances de Noël, avec encore assez de réserves pécuniaires pour continuer notre voyage en zigzag au moins jusqu’à fin février.

Tiens, amis lettrés, vous avez naturellement entendu parler des Voyages en zigzag de Rudolf Toepffer (1799/1846). Peut-être que que notre ami Patrick (Jourd’Hu) vous en parlera dans une de ses prochaines chroniques littéraires. C’était un compatriote écrivain, admiré par Goethe.

Alors pourquoi ai-je évoqué des contrées connues pour leurs frimas en début de ce texte? Je pense que vous avez aussi ‘morflé’ ces dernières semaines avec cette vague de froid générale qui permettra aux climat-septiques de reprendre du poil de la bête.

Pour les anciens, ceux qui comme moi ont vécu février 1956, il n’y a pourtant rien d’exceptionnel. J’avais skié à La Dôle (sommet du Jura franco-helvétique à 1600 m. d’altitude) par de douces températures de 25° sous zéro et le soir nous regardions, frigorifiés, debout sur un trottoir d’une ville des bords du Léman, la première télévision du pays, dans la vitrine d’un pharmacien qui soignait surtout… sa publicité! Il faisait moins 18° mais nos coeurs, encore ‘juvénilement’ patriotiques avaient été réchauffés par les résultats des Jeux Olympiques de Cortina d’Ampezzo: deux médailles d’or, une de Madeleine Berthod, de Château-d’Oex, en descente et la seconde de Renée Colliard, de Genève, en slalom, dont nous venons d’apprendre le décès à 89 ans.

Revenons à notre Scandinavie… française.

Nous avons quitté notre province de Jaén alors que les prévisions annonçaient des chiffres négatifs et mis le cap sur la Grande Bleue, puis Avignon pour retrouver des amis.

Un peu de chaleur devait nous faire du bien… mais nous avons enduré  moins 6° à l’Isle sur la Sorgue et moins 4° à Vic la Gardiole, près de Montpellier.  Pas de quoi surprendre un ours polaire ou un flamant rose mais en camping car, même en nous réchauffant au Muscat de Frontignan ou au Jurançon…

Bonne occasion pour actualiser ma photo de profil non?

Notre maison à roulettes est chauffée au gaz et à l’électricité mais nous sommes assez loin du confort d’une bonne flambée dans la cheminée! Le tout avec de telles rafales de vent du Nord glacé que sont la Bise, le Mistral et la Tramontane. Demain, nous repassons les Pyrénées pour les côtes méditerranéennes espagnoles.

On n’annonce ‘que’ moins 3° à Tarragona. Vous voyez que les affaires s’arrangent…

Pendant que Cornelia observe les flamants roses, il a fallu attacher Nico, très intéressé par ces gros ‘zozios’!