Ma vie en monovision (Chapitre 25) J’ai le vertige !

Il y a très longtemps, c’était en décembre 2021 (donc vraiment très longtemps !) une de mes lectrices avait avoué souffrir du vertige. Je lui avais promis des précisions. Pourquoi ne pas commencer l’année avec ce sujet ?

L’alpinisme et le vertige

Je pratiquais la randonnée à peaux de phoque avec des potes du Club Alpin, et à la fin du printemps, skis rangés, je me suis laissé convaincre de suivre un cours d’alpinisme pour découvrir la ‘grimpe’ en rocher, discipline que le ‘borgne’ avait ôté de ses ambitions sportives. Ne voulant pas perpétuellement parler de ma vue monoculaire, j’ai eu le malheur de dire au chef de cours que j’avais le vertige (Bonjour Louise !) Il devait attendre mon objection, qu’il avait entendue 1000 fois. Nous avons évoqué le sujet avant d’attaquer la première longueur sur une paroi de degré 3, donc facile. Et ce fût une révélation pour moi, une de plus. Je retiens que ce qu’on nomme vertige n’existe pas au sens qu’on lui donne. Ah bon ? Le vertige est un phénomène correspondant à une sensation de rotation de notre environnement avec « déplacement du corps dans l’espace ». D’autre part, la tête qui tourne en vous relevant après avoir été accroupi, n’a rien à voir non plus avec le vertige, c’est une hypotension orthostatique, soit une chute de la pression artérielle systolique. Donc oublions le vertige en montagne et ayons le courage d’admettre qu’il s’agit de peur… oui, la peur tout simplement ! J’avais, vous avez, la trouille, quitte à en perdre notre superbe, désolé !  Mais rassurez-vous, la peur se maîtrise, je l’ai compris en prenant conscience que vous ne risquez rien si vous êtes bien encordé, avec baudrier, mousquetons, pitons et… un bon ‘assureur’ à l’autre bout de la corde. J’ai rapidement été guéri de mon fameux ‘vertige’, mais pas de mon handicap de vue en monovision, malheureusement ! Et si mes amis n’ont jamais fait grand cas de mes difficultés, c’est de ma faute car j’ai toujours voulu faire aussi bien qu’eux et ils avaient fini par croire que j’étais ‘normal’ !

Débarrassé de ma peur j’ai même osé me lancer dans la pratique du parapente et le pilotage de montgolfières, découvrant une autre ‘révélation’ : la peur du vide est engendrée par la relation avec le sol. Depuis un balcon du 5ème étage, votre vue longe la façade jusqu’au sol. Vous avez des picotements dans les jambes. Vous avez peur ! Vous montez sur une échelle, vous vous tenez avec les deux mains,  et si vous ne regardez que la façade devant vous je ne dis pas que vous êtes à l’aise mais adieu les fourmis dans les mollets. Au rebours, si vous regardez le sol, la hantise du vide vous rattrape par le biais de l’échelle. Vous avez peur !

Vous appréhendez votre première ascension en montgolfière et annoncez votre ‘vertige’ au pilote. Etant aux manettes, c’est moi qui rassurais les autres… « Vous avez déjà pris l’avion et, après l’appréhension du départ, vous avez regardé par le hublot et sans référence vous reliant au sol, vous avez apprécié le magnifique paysage. Vous avez vaincu votre peur ».

Les ascensions en montgolfière, c’est moins courant mais c’est génial, que vous soyez passager ou pilote. J’ai terminé ma carrière d’aéronaute mais me souviens que quand nous faisions des activités en ‘captif’ j’avais des sensations différentes qu’en vol libre. Nous jouions à l’ascenseur, retenus au sol par des cordes à une hauteur de 40 mètres et j’étais bien placé pour rassurer mes passagers, leur disant que c’est la vue des cordes qui donne cette notion de hauteur ! Si vous les aviez vu cesser de regarder le sol pour fixer le paysage au loin…

Tiens ! Le paysage au loin… nous préparons le camping-car pour rejoindre, dans quelques jours, la Méditerranée puis l’Atlantique, à quelques encablures de Palos de la Frontera, d’où appareilla, un beau matin d’août 1492, un certain Cristoforo Colombo, pour découvrir ce qu’il pensait être les Indes…

Devoirs de vacances N°13 Camping (1)

Une vie au grand air

Chapitre premier

À un ami blogueur, intéressé par ce que j’appelle affectueusement «notre maison à roulettes», j’ai promis des précisions. Dont acte! C’est vrai que le camping-car est à la mode (même trop, à cause de certains pratiquants qui ne respectent rien). On rencontre beaucoup de nouveaux retraités qui se lancent sur les routes, sans avoir la mentalité de ‘campeurs’. Si l’expérience peut s’acquérir, c’est plus difficile pour l’esprit ‘nomade’, surtout de se satisfaire d’une certaine rusticité.  On voit des camping-cars grands comme des des autocars, difficiles à manoeuvrer et à stationner. Des véhicules qui reproduisent les conditions de confort d’une villa…  du reste je me demande ce qui reste de la joie de vivre au grand air, de camper et de se rapprocher de la nature?

Je vous souhaite bonne lecture de ce ‘curriculum de grand air’ et proclame la bienvenue à ceux qui rejoindront les originaux en voyage (Je n’ai pas parlé des ‘gens du voyage’!)  Accrochez-vous, mettez des vêtements chauds, car cette histoire ne vous emmène pas au soleil (en tout cas pas en son début!)

Tout a commencé en 1949, j’avais 8 ans. On parlait de vie au grand air, de camps  et de campements, car les anglo-saxons ne nous avaient pas encore imposé le mot ‘camping’. C’était l’immédiat après-guerre, les ménages avaient bien moins d’argent que maintenant et les assurances sociales n’existaient pas.

Pourtant personne ne se plaignait, car on n’avait pas à se priver de voiture, de seconde voiture, villa, piscine, machine à laver le linge et la vaisselle, téléphone fixe et mobile, frigo, congélateur, vacances, voyages dans les îles, ordinateur, micro-onde, four à chaleur tournante et camping, pour la bonne raison que ces «merveilles du progrès» n’existaient pas pour les classes euh… ‘normales’.

Fin de la digression.

J’accompagnais mon père bucheron sur ses chantiers forestiers dans le Jura, pendant toutes mes vacances estivales. Je courrais toute la journée dans les sentiers, les clairières et j’explorais les sous-bois. A la nuit tombante, mon père positionnait son vieux tracteur ‘International’ près d’un sapin. On posait un tronc en appui sur une branche et sur le tracteur. Une bâche trouée, qui avait dû abriter les soldats de la Première Guerre mondiale, posée sur cette «panne faîtière» rudimentaire, nous protégeait des averses fréquentes dans le Jura, en été.  Et quand je dis «protégeait» il faut y voir le peu de sens des réalités inhérent à mon jeune âge. Ce fût mon premier campement! 

Puis vint l’inoubliable expérience du scoutisme. Si on fait abstraction des principes un peu trop militaires et bigots de Sir Baden Powell, les éclaireurs m’ont permis d’acquérir un sens pratique qui me fût utile toute ma vie.  Nos chefs nous emmenaient camper avec des tentes rudimentaires. Ensuite ce furent les dépaysements et les découvertes, principalement avec le Club Alpin. Nous avions évolué en matière de ‘matos’ et utilisions des tentes ‘dômes’ Dunlop et North Face. (Photo ci-dessous) Sans parler des vêtements en duvet, GoreTex et matériaux modernes efficaces contre le froid et la pluie.

En 1978, j’ai participé une expédition de 350 km à ski de fond en Laponie finlandaise et norvégienne, Ivalo, Inari, Kargasniemi, Alta, à 400 km au Nord du Cercle polaire, par 37.5° sous zéro, dormant dans des cabanes de rondins avec moins 10° de température intérieure. Laissant mes amis pour 3 jours, j’ai réalisé un rêve d’enfance: aller à Hammerfest, la ville la plus septentrionale du monde. Je n’ai pas apprécié les jolies couleurs des maisons au cours de ma nuit dans cette ville…

J’y ai passé une nuit, sans tente, oui vous avez bien lu: sans tente, juste un sac de couchage, sur un trottoir. C’était pendant les fêtes de Pâques, tout était fermé, hôtels, auberges, restaurants et je m’étais sommairement couvert de plaques de fibre de verre trouvées sur un chantier, me permettant de dormir (dormir? tu rigoles non, passer la nuit!) par moins 37°. Quand je repense aux poussières de fibre sur ma peau, je ressens encore aujourd’hui des démangeaisons sur tout le corps, mais il reste heureusement le souvenir des superbes et impressionnantes aurores boréales, gravées ‘ad aeternam’ dans mon ‘curriculum’.

Je n’oublie pas non plus mes nuits sous tente plus traditionnelles, par exemple à Zermatt, avec mes enfants, pour pratiquer le ski d’été sur les glaciers.

Avec une amie, dans notre tente plantée dans une forêt de la périphérie lausannoise, nous avons «cohabité » avec les sangliers, situation à la limite de l’inconscience…Groïnk!

Comme point d’orgue, j’ai participé à une dizaine de bivouacs, d’une semaine, au-dessus d’Arolla avec le Club Alpin, à près 3000 m. d’altitude, toujours sous tente, et des douces températures nocturnes de moins 24°. J’avais même eu les honneurs du journal officiel du Club Alpin:

Couverture du journal du Club Alpin Suisse. Ma tente marquée « To the Summit »
Une sympathique veillée entre amis, chantant dans l’iglou social du biwak !
Akimismo est au centre…

Fin de la première partie

Vous trouverez prochainement ici, de quoi vous réchauffer. Un peu de patience Mesdames… 

A suivre.