Depuis le début de la pandémie, pendant des mois, on nous a rabâché les oreilles : il y a des groupes à risque et les plus vulnérables seraient les vieux et les gros. Oups ! Avant qu’on ne déboulonne ma future statue, vite deux corrections politiquement correctes : les personnes âgées (dès 65 ans hé hé !) et les malheureux en surpoids (qui n’y peuvent rien, re hé hé !). Dont acte.
Depuis la fin du confinement, on nous a (provisoirement ?) redonné un peu de libertés, mais on oublie le plus grand groupe à risque, que personne n’avait diagnostiqué : les inconscients en troupeau, y-compris les sveltes, les adolescents, les stupides clients d’une boîte de nuit en Suisse… et même un fameux tennisman serbe !
Plutôt que de peindre le diable sur la muraille, j’essaie de rester optimiste et joyeux, c’est ma vraie nature, avec une histoire vraie, dont le protagoniste Heiner est mon ami :
Il y a quelques années, il a emmené sa famille en voyage aux Etats Unis, pays qu’il avait visité, sac au dos, à 20 ans, alors qu’on venait de lui annoncer être atteint de la sclérose en plaques, rien que ça ! Donc, trente ans plus tard, il organisa un périple aux States avec sa femme et ses deux grandes filles, passant bien sûr par Disney World, Los Angeles, les Rocheuses, Las Vegas, pour terminer le voyage à New-York. La totale ! Il avait lourdement puisé dans ses économies avec, comme point d’orgue, un séjour dans un très bon hôtel de la capitale, puis un coûteux repas dans un haut lieu de la gastronomie nord-américaine.
Je rappelle que Heiner souffre de sclérose en plaques et qu’il est en chaise roulante depuis une vingtaine d’années. Cette précision est importante, vous allez le constater.
Au restaurant étoilé, mes amis se demandent s’il n’y a pas une erreur de réservation ou si ce ne serait pas un gag de caméra cachée, car il y a une quinzaine de fauteuils roulants alignés dans le grand hall d’entrée. Un majordome en smoking et gants blancs les accueille en leur demandant de laisser la chaise près des autres engins et de rejoindre leur table à pied !
Oui, oui, on demande sans gêne à un paralysé de la jouer genre Lazare… vous savez celui à qui Jésus avait ordonné ? Prends ton lit et marche !
Sauf que mon ami Heiner, la bonne blague, est tétraplégique.
Le moment de confusion, de stupeur et d’incompréhension passé, tout est rentré dans l’ordre et le loufiat ‘au nœud ‘pap’ a même demandé à un subalterne de venir pousser la chaise de mon pote jusqu’à sa table.
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