Résumé historique
C’est une philosophie, occulte dit-on, générée par Rudolf Steiner au début du XXème siècle. Steiner est Autrichien, né en Croatie en 1861 et mort en Suisse en 1925, que beaucoup considèrent comme Allemand.
Au début il avait lancé un mouvement médical mais a été rapidement considéré comme un charlatan par la médecine sérieuse ! Il s’est alors consacré à l’enseignement (Ecoles Steiner-Waldorf) qui applique l’idée qu’il faut croire en l’enfant et adapter l’éducation scolaire à sa propre personnalité. Il a eu pas mal de réussite dans ce domaine. Il s’est aussi consacré à l’agriculture biodynamique. Bon… c’est un peu le serpent qui se mord la queue puisque son enseignement et son agriculture sont pensés pour amener les gens à l’anthroposophie… et l’anthroposophie, « la sagesse appliquée à l’homme », est une doctrine ésotérique fondée par l’ami Steiner…
Mon expérience
Il y a quelques années j’ai été confronté à la biodynamie, donc à l’anthroposophie! Il s’agissait d’un travail de traitement de charpente en Haute Savoie, à quelques ‘encablures’ de Genève. Titulaire d’un diplôme ‘Lignum’ de spécialiste de la préservation du bois j’accepte.
Débarquant avec mon ‘matos’, pont roulant, injecteurs, pompe en continu (moteur à ‘pas’ pour les connaisseurs) à très haute pression (200 bars) et documentation sur les produits, je fais la connaissance des propriétaires…
«Chez nous pas de produits chimiques!»
«Ah bon?»
Là, je commence à regretter d’être arrivé avec un véhicule portant ostensiblement cet autocollant:

J’apprends que mes futurs clients sont des ‘anthroposophes’.
Je joue bien sûr l’affranchi, opine du chef, fais l’intelligent… mais ne comprends rien à ce vocable. On me parle de Rudolf Steiner, du Goetheanum, de la biodynamie, du cosmos, de la fumure compostée et des préparations…
Je flippe un peu car je crains de m’être laissé entraîner dans une secte!
Je pose quelques questions pratiques en préalable à mon intervention pour le traitement d’une charpente ancienne et expose ma manière de travailler mais le dialogue est difficile avec les patrons. J’ai l’habitude de certains produits qui combattent les insectes lignivores. Eux remettent en question mes expériences professionnelles et proposent des produits écologiques qui doivent bien faire marrer les capricornes des maisons, les vrillettes et autres lyctus brunus ! L’agriculteur est un Français timide, le regard un peu fuyant. Elle est Belge (mais ne se soigne pas!) prétentieuse, insupportable et on voit bien que c’est elle qui mène la barque. Je moule un peu, d’autant qu’elle vient de voir l’autocollant…
Fils de bûcheron et petit-fils de paysan, je suis bien sûr très près de tout ce qui touche à l’écologie. Mais l’écologie est une science, pas une idéologie souvent à connotation politique. Alors les gauchistes verts… circulez, y a rien à voir!
La patronne tient immédiatement à s’imposer : «Entrez dans ma cuisine!» Des volutes de vapeur sourdent d’une grande marmite. «A votre avis, qu’est-ce qui cuit la dedans? Vous remarquez qu’il n’y a aucune odeur» «Beh! Vous me prenez de court» «Vous savez bien qu’à la cuisson certains légumes dégagent une puissante odeur qu’on ne peut confondre avec rien d’autre, hein?» «Beh! Oui… je crois!» (J’ai pas l’air con!) «Je suis en train de cuire des choux!»
C’est vrai qu’il n’y a aucune odeur et je suis assez impressionné pour ne pas faire de l’esprit en demandant à cette Belge si ce sont des choux de Bruxelles…
Suit une explication sur les avantages du fumier composté (pendant une année), augmenté de préparations de prêle des champs, de valériane, camomille et grande ortie pour les principales dont la récolte, le séchage ou la macération se font en suivant la marche cosmique des astres (sic!). Elle termine pour convaincre le… convaincu que je suis presque déjà qu’avec le fumier traditionnel cru, ça puerait les choux dans sa cuisine!
C’était mes débuts chez les anthroposophes! Plusieurs mois de travail plus tard les rapports avec la ‘Ménapienne’ se sont régularisés sans pourtant atteindre le stade de partir en vacances ensemble…
On avait enterré la hache de guerre et je quittais rarement la ferme sans l’un ou l’autre des livres de Rudolf Steiner, en plus des délicieux fromages bio de chez bio. Je dois bien avouer que je me suis intéressé à l’approche «biodynamique» de la production agricole! Et aussi aux influences du cosmos, marées, phases et ‘hauteur’ de la lune.
J’ai aussi apprécié l’évolution du gosse de la maison (8 ans) qui suivait bien sûr les cours de l’Ecole Steiner. Comme j’ai été élève privilégié d’un maître appliquant la méthode Freinet j’ai trouvé pas mal de similitudes dans cette pédagogie qu’on pourrait résumer à :
On doit croire en chaque enfant, à sa personnalité et ne pas le considérer comme matière absorbante d’enseignements souvent subjectifs, parfois inutiles et jamais adaptés à sa personnalité. (Je précise que cette définition est personnelle et n’engage que moi!)
Donc chaque enfant doit s’épanouir dans les domaines qu’il affectionne. C’est tout. On ne fait pas ‘chier’ les gosses avec des disciplines barbantes, souvent inintéressantes et inutiles pour leur cas particulier. A la fin de la scolarité l’élève présente un «chef d’oeuvre»: photo, peinture, texte ou travail manuel qu’il aura entièrement réalisé, avec l’aide et l’encadrement des enseignants, pendant les années d’étude.
J’ai vu le résultat! Rien à ajouter.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.