Reste-t-il une petite place ?

Oui, une petite place pour mon coup de gueule annuel… mais rassurez-vous, ce sera le dernier de 2021 !

Jusqu’à fin décembre, j’avais encore des histoires à vous raconter, mais je vous connais, vous n’aurez pas le temps de les lire car vous devrez répondre à toutes sortes d’invitations, obligations et contraintes, vous serez très occupés avec les cadeaux et devrez faire la queue dans les grandes surfaces. Sans compter subir quelques grèves des transports et autres…

Il faudra aussi décorer le sapin, envoyer des vœux et y répondre !  Bon, je sais que votre ‘smart machin’, avec une « application » de derrière les fagots, fera le travail pour vous, et c’est une situation géniale où il se pourrait qu’une machine réponde aux vœux reçus d’une autre machine !

Pour respecter vos activités bourdonnantes, je diffère à l’an prochain la publication de mes écrits. J’espère que l’attente sera supportable (!) pour lire la suite d’Une vie de borgne qui, en 2022, s’intitulera Ma vie en ‘monovision’.

Éviter les excès de décembre, par exemple en me couchant à 22 heures les 24 et 31 décembre, me permettra d’attaquer cette prochaine année en pleine forme, échappant à ce qu’en Andalousie on nomme « la cuesta de enero », soit le raidillon de janvier, allusion cycliste aux difficultés rencontrées par les ‘festoyeurs’ boulimiques, les soiffards invétérés, les trop généreux, les doux rêveurs, ceux qui n’osent pas dire non et les victimes de la publicité, pour équilibrer leur budget. Moi ça va… depuis plus de 60 ans, je suis à l’aise financièrement en janvier !

Pour terminer, je republie une ancienne anecdote sur les excès « nativi-nouvelanesques », qui sera ma conclusion à cette année « covido-merditesque !»

Chapon, foie gras et grands crus

Un couple était venu « passer les fêtes » chez nous, en Andalousie. Nous leur avions dit qu’ils étaient les bienvenus mais que de fiestas sur commande : nada de nada, et ils ont pensé que notre réticence aux célébrations était due à la précarité de notre situation financière. Les sots !

Ils ont donc apporté une vingtaine de bouteilles de grands crus (ce n’était pas pour nous déplaire !), un chapon provenant d’un négoce réputé de Bourg-en-Bresse et un kilo (oui un kilo) de foie gras de chez… Fauchon !

Le chapon était ‘comestible’ sans plus et vous attendez que je vous parle du foie gras de chez Fauchon ? A vos risques et périls ! Mise en situation :

Vous êtes végétarien et on vous sert un pavé de boeuf…

Vous êtes juif ou musulman et on vous sert du porc…·

Vous êtes actifs à la SPA et on vous sert du foie gras…

Vous avez compris !

On ouvre la boîte, qui a dû coûter l’équivalent de notre budget alimentaire pour deux mois. On goûte. Nos visites salivent et frôlent l’orgasme. A part les considérations liées à la cause animale, je n’aime ni la consistance ni le goût du foie gras. Je trouve ça simplement doucereux et écoeurant !

Les prévisions météo annonçant de la neige sur toutes les routes en direction du Nord ils abrègent leur séjour et partent en nous laissant au moins 15 bouteilles de Bourgogne, le reste du chapon et… la boîte de foie gras à peine entamée ! Les bouteilles je ne vous dis pas, mais le chapon je vous le dis ? Nous en avons fait cadeau à des voisins très modestes qui l’ont trouvé bon… mais un peu gras. J’ai gardé le foie gras pour la bonne bouche, si vous me passez la métaphore. Nous l’avons donnée au sympathique berger allemand de notre voisin Miguel. Et ça n’a fait qu’une sifflée :

Slap Slap Slurp Slurp Blup et Burps! Quelques centaines d’euros liquidés en 14 secondes et 8 dixièmes.

Amis des animaux je vous rassure : Le chien n’a pas souffert d’effets secondaires, suite à cet excès, inhabituel pour lui !

Avant que le tourbillon de la dernière semaine ne vous happe, vous satellise et vous propulse en orbite, acceptez, amies lectrices, amis lecteurs, qu’avec ma femme Cornelia et notre chien Nico, nous vous souhaitions une gaillarde entrée en 2022 !

Craignant de me prendre les pieds dans les fils électriques du sapin, et de recevoir une boule sur le coin du museau, je me mets à l’abri et je tire la prise jusqu’en janvier.

Hasta dos mil veintidós. Adios, Ciao, Tschüß, au revoir, and see you soon!

Une vie de borgne (Chapitre 23) Dernière montée d’adrénaline en dirigeable

Pour en finir avec les histoires de dirigeable, voici ‘ma’ dernière aventure aux manettes !

J’ai fait mon premier vol un 9 décembre, le jour de mon anniversaire. Tiens, vivement demain pour mes 20 ans… et plutôt 4 fois qu’une, avec plein de souvenirs aériens mais les pieds bien posés sur le sol !

­­­­­­­­J’ai fait de magnifiques ascensions sur Aarau, Winterthur, St-Gall et Zurich, même un survol à moins 300 mètres sol sur la Foire d’échantillons de Bâle, seul à bord, car notre prototype ne pouvait pas embarquer assez de gaz pour un vol de 2 heures à deux pilotes. Je devais voler à la limite légale (légale ? tu parles !) pour qu’on puisse lire notre promotion pour le Salon de l’Auto de Genève !

‘Il’ et moi avions fait l’extension de licence pour le dirigeable, mais ‘il’ avait trouvé le financement de près de 200’000 euros. Ne connaissant rien à ce genre d’aérostat, ‘il’ avait exigé une enveloppe lisse genre Zeppelin. Ce stupide caprice m’a valu quelques frayeurs, et notre prototype est resté en ‘homologation provisoire’. Nos vacations étaient prévues en Suisse allemande, donc un peu de Schwytzerdütsch était utile, en plus de l’allemand et de l’anglais. C’est pourquoi ‘il’ avait fait appel à un polyglotte, fût-il… borgne !

« Zurich Tower ! Airship Golf Bravo Whisky Lima Hôtel. Good morning. Expecting authorization for departure » « Lima Hôtel cleared for take off. Good flight ! »

Avec 10 millions de kilocalories/heure et des flammes de plus de 5 mètres il était récurrent, pendant la chauffe, de ‘cramer’ quelques mètres des sangles ajoutées pour donner à notre dirigeable cette pseudo forme de Zeppelin. A chaque fois, retour vers le bassin lémanique dans un atelier spécialisé pour réparer.

Les photos vous montrent l’ingéniosité de notre artisan avec sa machine à coudre industrielle introduite dans le dirigeable pour réparer les sangles brûlées…

Ci-dessus on voit bien le fouillis de sangles ajoutées !

‘Il’ avait décidé de faire un vol publicitaire au-dessus de l’aéroport international de Zurich Kloten. Rien que ça ! ‘Il’ avait réussi à ‘enfumer’ les responsables, obtenant toutes les autorisations, oui toutes ! ‘Il’ avait observé la situation depuis la tour de contrôle climatisée et insonorisée et clamait urbi et orbi que la manoeuvre était simplissime. ‘Il’ avait juste oublié d’impliquer celui qui piloterait, entre les Boeing et les Airbus en procédure d’atterrissage.

Je précise que les avions de ligne qu’on voit très près du dirigeable ne sont ni des modèles réduits… ni une retouche Photoshop !

Je décolle à moins de 200 mètres de la piste principale avec, comme co-pilote, un instructeur retraité, mis à notre disposition par le constructeur.  Un moteur, genre tondeuse à gazon extrêmement bruyant, fixé au-dessus de la nacelle pour la surpression de l’enveloppe, rend les échanges radio avec la tour de contrôle si aléatoires que j’ai dû réduire les gaz de ce moteur auxiliaire pour tenter d’entendre les consignes et c’est mon copilote qui a capté le « Ready for take off ». Je découvre enfin, depuis en haut, le ‘merdier’ dans lequel on m’a envoyé : J’ai, paraît-il, l’autorisation de prendre la piste principale dans le sens contraire des atterrissages, à 50 mètres sol. En face de moi, un long courrier en train de poser, mais je dois l’ignorer puisque, à moins de 300 mètres, il ‘devrait’ prendre une déviation. Sans communication avec la tour de contrôle à cause du vacarme à bord, j’ai assumé mes responsabilités, quittant la trajectoire ‘programmée’. Bonne décision car la réduction des gaz du moteur de surpression avait altéré le comportement de l’aéronef, devenu très dangereux. Bien pire, il piquait du nez par manque de surpression, une tare de conception à laquelle nous avions déjà étés confrontés lors des vols d’essai. (Parfois on comprend mieux les refus d’homologation…). Le brûleur orienté vers l’avant crachant toute la puissance de ses flammes, aura finalement raison du piqué, le nez du dirigeable effleurant le sol, mais j’ai posé l’engin. Mon co-pilote m’a félicité pour la justesse de mes décisions de ‘commandant de bord’ et la maîtrise du ‘piqué’… c’est le seul côté positif que je retiendrai de cette grotesque prestation. A peine au sol, le ‘responsable’ de cette ‘irresponsable’ manoeuvre me demande de reprendre l’air car le vidéaste publicitaire n’était pas content de ses prises de vue !

J’ai alors très calmement actionné la soupape pour vider un peu d’air de l’enveloppe et stabiliser l’appareil, j’ai demandé à mon vétéran de droite de veiller sur la machine, suis sorti et j’ai dit à l’irresponsable que le siège de pilote était à sa disposition, s’il voulait continuer le vaudeville. Un peu chiard, sans la pratique de l’anglais et de l’allemand, il a décliné ma proposition.

Ende der Luftschiff Geschichte !

Notre prototype, en quête d’une improbable homologation fut, paraît-il, bradé au Mexique et nous n’en avons plus jamais entendu parler.

Ce fut aussi ma dernière prestation en tant que pilote de dirigeable !

Il aurait fallu accepter qu’un dirigeable à air chaud soit ‘dodu’ et potelé, avec un ‘petit ventre’ comme le montre cette photo d’un engin de marque Cameron et de ne pas stupidement essayer de plagier la forme d’un Zeppelin à hydrogène ou à hélium…

Fils de ‘pub’ !

Il y a soixante ans, donc c’était hier (!), j’avais obtenu mon premier job. C’était dans la publicité et on m’avait bombardé ‘propagandiste’. Je n’ai fait qu’un bref parcours dans le milieu, car un inspecteur de la ‘boîte’, après m’avoir auditionné, m’avait encouragé à choisir une autre destination professionnelle. 

Ô combien il avait raison : Convaincre de braves et vulnérables ‘cibles’ d’acheter de la ‘merde’ dont ils n’avaient pas besoin, dépassait mes dons d’acteur. Jouer la comédie j’adore, mais utiliser mes facultés d’expression à des fins contraires à mes convictions… non ! De ces huit mois d’activités frustrantes j’ai pourtant gardé un intérêt pour la publicité, sous toutes ses formes, étant ‘vacciné’ pour échapper aux hameçons des vendeurs de chimères, de rêves et d’inutiles stupidités !

Pourquoi je vous raconte ma vie ? Je vous explique :

Une entreprise espagnole, dont le fond de commerce est le recyclage, vient de faire une campagne publicitaire que je trouve géniale et je vais essayer de vous rallier à mon enthousiasme !

Il s’agit d’une entreprise de récupération de verre (en espagnol VIDRIO) à connotation écologique. La marque se nomme ECOVIDRIO.

Voici l’encart publicitaire qu’ils viennent de publier.

Permettez-moi d’aider les non ‘hispanohablantes’ en traduisant sommairement quelques extraits de leur texte :

Pour 2021, le but de tous est que le virus ‘covid’ disparaisse. Que disparaissent les groupes de six, les distances de deux et les quarantaines de plus de quarante. Que disparaissent les masques qui cachent les sourires. Etc…

Donc aujourd’hui nous n’allons pas vous parler de recyclage, bien que ce thème soit prioritaire pour nous. Non, aujourd’hui nous allons plus loin et nous engageons à supprimer de notre marque commerciale les lettres C.O.V.I.D.

Donc, pendant tout le mois de janvier 2021, notre raison sociale E(COVID)RIO se résumera à ERIO ! C’est notre contribution au souhait universel de la disparition du virus Covid !

Conclusion personnelle d’akimismo : je propose qu’on invente un Prix Nobel de la Publicité pour l’attribuer à ce recycleur espagnol. Il le mérite pour le génie de cette annonce, même si les pisse froids n’y verront qu’une manœuvre de promotion de leur marque! 

Vive ERIO !