(Au fait, comment qualifie-t-on un texte précédent l’antépénultième ?)
Film Le Mans et péripéties aériennes

Ceux qui pensaient à « Le Mans 66 », que je n’ai pas vu, ont ‘tout faux’ ! Il s’agit bien sûr du film « Le Mans » de 1971, avec Steve McQueen, à qui j’emprunte cette maxime :
“Racing is life. Anything before or after is just waiting”
Un sacré personnage, que j’ai côtoyé avec un grand bonheur.

Le réalisateur Lee H. Katzin venait de remplacer John Sturges qui avait abandonné le projet. Problèmes financiers, veto des assurance et surtout… d’égo !
On m’avait présenté D.B. Tubbs, l’attaché de presse du film, avant le début du tournage.
Le courant a passé et il m’a demandé de l’aider à « faire parler du film » en cours de réalisation, dans les revues spécialisées, mon domaine…
Ce sera le début d’une collaboration de plusieurs mois. Je me rendais au Mans une fois par semaine, souvent en avion privé de la production du film, un Cessna bimoteur de 8 places de Touraine Air Transport, qui venait me chercher à Orly ou à Genève, selon les opportunités laissées par ses vacations pour le film. Si je restais deux jours, McQueen me laissait une des Porsche mises à sa disposition par l’usine de Zuffenhausen.
J’envoyais des reportages à Sport Auto, l’Auto-Journal en France, Motor Sport en Allemagne, Quattroruote en Italie, Car Magazine en Angleterre et Motor Trend aux States avec des anecdotes du tournage.
Dans le prochain chapitre je vous parlerai des effets spéciaux à l’ancienne… et à l’américaine qui, comparés aux moyens électro technico informatiques modernes, paraissent moyenâgeux, mais ça avait de la gueule et sentait bon le réel !
Pour l’heure, je vous raconte une expérience aéronautique un peu ‘limite’ vécue lors d’une de mes visites dans la Sarthe :
Nous décollons d’Orly avec des VIP américains, invités de la production du film. Il est passé 17 heures et les prévisions météo ne sont pas bonnes. A peine en l’air, un mur de nuages orageux se dresse devant nous. « On y va !» me dit le pilote, un ancien de la guerre de Corée. Je précise qu’il avait l’habitude de m’installer sur le siège de droite. Nous n’en avons jamais parlé mais je subodore que ma présence à l’avant devait dissuader les passagers de poser des questions sur la présence, ou non, d’un vrai co-pilote ! Revenons aux nuages : En plein dedans. L’avion tremble et nous sommes comme dans une essoreuse.
On essaie par en-dessus… on essaie par en-dessous ! Idem. La plaisanterie dure 40 minutes, avant que nous posions sous la pluie battante à Toussus-le-Noble… à 9 km d’Orly.
Chacun sait que l’avion est un moyen de déplacement rapide : 40 minutes pour 9 km, c’est pas mal non ?
La production était venue récupérer les VIP en limousine confortable, et les conditions s’améliorant, le pilote me dit qu’on va décoller, mais qu’il y a un ‘hic’ : Si nous dépassons le « crépuscule légal », pas le droit de poser au Mans, non équipé pour le vol aux instruments et nous devrons atterrir autre part.
Peu avant Tours, échange radio avec la direction régionale :
« Demande autorisation atterrissage Le Mans ! » « NEGATIF ! Le Mans non équipé IFR !» « Pas compris, répétez !» Là je m’étonne car le message est clair ! « Le Mans NEGATIF !» Mon pilote prend une drôle de voix hachée, le coude sur la bouche et le micro très éloigné « … ompris… le mans affirmatif » Il ajoute quelques borborygmes inaudibles puis coupe la radio ! Il me fait un grand sourire augmenté d’un clin d’œil appuyé, change de canal et, en CB avec un pote du Mans, il ‘commande’ l’illumination de la piste. C’est ainsi que nous avons atterri en pleine nuit, discrètement sur une piste éclairée par les phares de 4 voitures convoquées anonymement. On n’oublie pas une aventure pareille !
Tiens, vous savez bien sûr qu’en aviation, on utilisait ‘négatif’ et ‘affirmatif’ dans les vacations radio ? Sauf que le contraire de Négatif est devenu Affirm car la confusion entre affirmatif et négatif a coûté la vie à 583 personnes le 27 mars 1977 à Tenerife. Les anciens se souviennent de la collision frontale entre deux Boeing 747 Jumbo, l’un en train de décoller, l’autre en procédure finale d’atterrissage. Oui… 583 morts pour une similitude du phonème ‘ATIF’ pour deux ordres contraires.
A l’un des avions on a dit affirmatif pour la pose et à l’autre négatif pour le décollage. Nous avons vu le résultat !
La suite de ce texte sera moins tragique et évoquera les trucages de grand papa pour le film Le Mans ! Et ce sera l’antépénultième chapitre de
Ma vie en monovision !
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