La rubrique ‘ethno’

Voici quelques histoires italiennes, andalouses et d’ailleurs, toutes authentiques et vécues ! Bonne lecture.

La première est parfumée aux agrumes du Sud

Clementine !

Marché de Luino, au Nord de l’Italie. A l’étal du maraîcher une ardoise annonçant des mandarines ‘Clementine’ en promotion. Le prix est alléchant, la marchandise est appétissante et surtout le patron a la bonne bouille d’un brave type à qui on donnerait le bon dieu sans confession ! En ces temps là je me débrouillais pas mal dans la langue de Dante. Je m’exprimais dans la langue de Machiavel comme Göthe soi-même… Je demande si ce sont «veramente Clementinas» donc sans pépins. Si si Signor, autenticas Clementinas. Et de me montrer le papier de soie qui enveloppe un fruit sur trois, comme c’est la norme. Ce papier porte le mot «Clementina». Affaire conclue !

Avec une copine, sur le chemin du retour à notre résidence de vacances, nous faisons une courte halte sur un banc pour déguster notre « achat du siècle ». Quoi ? Ça des Clémentines ? Avec au moins 300 pépins par fruit ? Scandaleux… Je me préparais à retourner vers  ce marchand qui, sous le couvert de sa bonne bouille n’était finalement qu’un escroc mafieux, un salopard !

Mais vérifions encore: Tous les fruits sont parfaitement ‘inbouffables’ ! Lisons encore un des papiers de soie d’emballage : il y a effectivement le mot « Clementina ». Incroyable ! Regardons de plus près : Ah merde ! Mandarinas della Casa Faustino Clementina SpA… C’était le nom du marchand… donc il était correct quand il affirmait que les fruits de la transaction étaient des «Clementinas!»

Ce que j’aime en Italie, c’est leur manière souriante et très simple de te baiser la gueule dans les grandes largeurs mais proprement et sans possibilités de rouspéter. Du grand art… même de la commedia del arte !

Celle-ci est andalouse!

En Andalousie le franquisme a laissé des traces…

 Dans notre patelin perdu de la Contraviesa (Alpujarra Baja) le niveau est élémentaire comparé aux normes de nos terres du Nord. Par exemple Pierre le Suisse et sa copine Française ont deux filles qui vont à l’école espagnole et parlent couramment l’idiome local. Question d’un vernaculaire: ¿Hablan tambien estranjero? Est-ce qu’elles parlent aussi l’étranger?

Tout ce qui n’est pas espagnol est «étranger». Ce pays est resté au nationalisme prôné sous le régime du Caudillo.

Un autre exemple ? Un couple ami nous précède sur la piste qui descend vers la mer. Au passage du hameau intermédiaire, ils saluent le natif Manuel. Nous suivons quelques minutes plus tard. ¿Hola Manuel que tal ? Sourire édenté et entendu de l’aborigène à qui le passage de deux Suisses, d’une Allemande et d’une Française suggère : Eh! Otros inglès! (Tiens, encore des anglais).

Ferdinand Cheval, l’original facteur de Hauterive dans la Drôme avait incorporé le Cervin et la Maison Blanche à son célèbre Palais Idéal. Ce brave facteur avec sa légendaire brouette ne s´était jamais éloigné de plus de 8 km de son village natal. La TV n’existait pas et personne n’avait attiré son attention sur le peu de réalisme de son imagination. Il est mort sans savoir! Laissons donc notre brave Manuel terminer son existence terrestre persuadé qu’au monde il n’existe que deux ethnies: Les andalous… et les anglais!

Arrêtons-nous un peu dans le Piémont!

Vous reprendrez bien un verre ?

L’autre jour sur cette page je vous parlais des ‘vraies’ ‘fausses’ mandarines Clémentines. Goguenard je souriais devant l’élégance qu’ont les Italiens pour vous tromper sur la qualité de certaines marchandises. Je soulignais aussi le charme et la classe avec lesquels ils vous vous roulent dans la farine!

Voici une autre entourloupe, toujours avec le sourire :

Mon beau père de l’époque, bon radical calviniste de la Vallée de Joux (il se nommait Rochat, quelle question !) achète 6 verres dans une échoppe au bord du Lac Majeur, près d’Intra Verbania, où il a une petite maison de vacances et donc où il est bien connu des voisins et commerçants. Surmontant son aversion pour le marchandage, technique peu usitée dans le Risoux, au pied du Jura vaudois ou à Lausanne, il demande mezzo voce, gêné « C’est bien le prix ? » « Bien sour Signor Rossa et c’est oun prezzo amichevole! » « Bon d’accord ! » Fin de la séance tronquée de marchandage !

Mauvais négociateur il ne pouvait pourtant pas cacher sa contrariété. S’en rendant compte, l’armailli du Vésuve sort le grand jeu. « Pour vous être agréable, Signor Rossa, zé vous razoute oun bicchiere gratuito… 7 pour 6, stesso prezzo! »    « Merci… merci beaucoup… Vous êtes un brave type ! »

De retour à la maison, la mine rubiconde de celui qui vient de faire l’affaire du siècle, il se réjouit devant sa progéniture, montrant fièrement le septième verre cadeau. Puis il ouvre le carton des 6 verres… pour n’en trouver que 5 (cinq !).

Zimboum tralala tagada tsoin tsoin !

Bon sens terrien

Mon village andalou

Nous avons vécu 17 ans dans la Contraviesa de Grenade, le versant maritime d’un relief plus connu sous le nom de Alpujarra Baja.

C’était dans un hameau éloigné de la ‘civilisation’ : une demi douzaine d’habitants, du courant électrique, de l’eau courante, une église fermée mais ni commerce ni services… ni bistrot ! Et à l’époque aucune couverture téléphonique. Nous y avons pourtant passé des années heureuses et tranquilles !

Une fois par semaine passait le facteur sur sa mule. En hiver quand il pleuvait il restait chez lui, de l’autre côté de la montagne. Sa tournée de 45 km lui prenait la journée. Cet «homme de lettres» avait une particularité : il ne savait pas lire !

Il commençait son parcours par notre maison où nous l’aidions à classer le courrier par destinataire. Il ouvrait les doigts d’une main et y glissait en forme d’éventail les enveloppes pour chacun des 5 habitants de cette époque et partait en chantonnant faire sa distribution dans le village.

Un jour atteint par la limite d’âge il n’est plus venu et personne ne s’en était rendu compte en ‘haut lieu’. On ne l’a pas remplacé et nous avons dû aller chercher le courrier en plaine. Nous sommes donc devenu à tour de rôle facteurs ruraux… mais sans rémunération ni remboursement des frais d’essence. Autres temps !

Le dimanche c’était la réunion bon enfant sur la place de l’église pour accueillir le boulanger, lui aussi à dos de mule, pour lui acheter le pain de la semaine. Et une fois par mois le petit camion de l’épicier sur la place à l’entrée du village. C’était le bon temps car assez vite tous ces services ont disparu mais ce qui est resté c’est le bon sens terrien :

Nous avions emmené en voiture une dame du village. Magistrale leçon de géographie vernaculaire: «Ici c’est la terre d’un cousin (primo), ici les amandiers de mon beau-frère (cuñado), là-bas le pré de ma belle-mère (suegra), ce parchet appartient à ma belle-fille (nuera)». Abrégeons car les familles andalouses sont nombreuses et celle de notre passagère infinie! «Ici, avant la piste carrossable, il y avait un sentier. Le terrain situé en dessus appartient à ma famille. La machine qui trace une route à flan de coteau mord toujours sur la propriété amont, donc la nôtre… et c’est celui du dessous qui récupère toute notre bonne terre». Vous avez dit bon sens ? 

Leçon de peinture dans les Alpujarras

Plus dure sera la chute

Cette histoire n’est andalouse qu’à la fin, alors lisez jusqu’au bout!

Autrefois le pinceau laissait des traces et seul un professionnel pouvait obtenir une finition «ratissée». Il passait la lisseuse ou ‘spalter d’un mouvement souple et précis. Puis les chimistes ont inventé la peinture ‘autolissable’ (on dit qui se couche). Grâce à Valentine, dès les années 50 les ménagères se sont lancées dans les arts déco et le peintre professionnel a été ramené à la portion congrue. Alors qu’on s’adresse avec condescendance au menuisier, précisant détails, forme et moulures, on méprise le peintre: «Juste un petit coup de barbouille pfut pfut pfut» Avec geste négligent, réducteur et surtout dépréciatif:

J’ai eu la chance de travailler avec le meilleur peintre décorateur de Genève en réalisant les fonds pour ses applications de poudres et terres naturelles : il fallait donner à la surface l’aspect rustique de la peinture ancienne avec traces bien visibles des poils de la brosse. Avec les progrès des peintures qui «se couchent» cela devenait difficile à réaliser. On faisait venir d’Allemagne une dispersion qui se «couchait» plus tard que la barbouille lémanique! Le «maître» m’avait enseigné plusieurs tours de main, notamment comment retarder le «sommeil» de la peinture.

Des années plus tard, occupé à la restauration d’une maison en Espagne je me suis plu à copier cette technique de peinture à la brosse pour la décoration des parois: Mélange de plâtre retardé avec de la dispersion minérale, ajout de détrempe pour donner de la consistance.

Visite curieuse et intéressée d’une voisine âgée jamais sortie de son village, ne sachant ni lire ni écrire mais habituée aux travaux de chaulage. Commentaire de l’aïeule:

«Tu ne sais pas peindre…  On voit toutes les traces du pinceau!»

Restons en Andalousie avec ses traditions

La chasse à la perdrix… version andalouse!

Une histoire andalouse marrante (en tous cas pour l’un des deux protagonistes !) lue dans mon quotidien et donnée comme parfaitement authentique. Je ne demande qu’à croire l’auteur !

Deux chasseurs sont dans une réserve : un petit râblé, typiquement Andalou et un immense Allemand baraqué. Ils tirent en même temps et se retrouvent près d’une perdrix abattue. Commence une discussion sans fin sur l’appartenance de la perdrix. Qui a tiré le premier ? L’Andalou explique au ‘Tudesque’ que pour résoudre ce genre de litige la tradition veut que chacun, à tour de rôle, envoie un coup de pied dans les parties génitales de l’autre, jusqu’à l’abandon de l’un des combattants, l’autre repartant avec la perdrix ! Il ajoute que le rite veut que ce soit l’autochtone qui commence ce que l’homme du Nord accepte.

Le petit ibérique prend son élan et balance un coup de pied d’une violence inouïe entre les jambes du grand gaillard. Je vous dis un coup dévastateur…

Le Fritz est cassé en deux, se tient les parties et râle de douleur. Après avoir recouvré un semblant de santé, avec un sourire mauvais il dit au petit : A moi maintenant !

L’Andalou : « Qué vaaa… la perdiz pà ti ! »

Je ne vous ferai pas l’affront d’une traduction hein ? Moi, rien que de raconter cette histoire j’en ai les frissons dans le slip. Et vous ?

 

A prétentieux… prétentieux et demi!

La Manzanilla

La Manzanilla est un ‘fino’, comme le ‘Xérès’, mais produit à San Lucar de Barrameda sur la côte atlantique, non loin de l’embouchure du Guadalquivir, d’où appareilla un beau matin de 1492 un certain Cristoforo Colombo. On a donné à ce fino l’appellation Manzanilla, mot qui signifie normalement camomille. Personne ne connaît la raison du nom d’une infusion stomachique pour un vin très typique (15-16°), vinifié «a flor» c’est-à-dire que le jus de la vendange est ‘recapé’ chaque année, soutiré par le bas (solera), protégé par une efflorescence blanche genre pourriture noble. Une aberration œnologique paraît-il, mais qui fonctionne pourtant, comme le vin jaune d’Arbois.

Il y a bien des années à Segovia je fus le témoin narquois et ricanant d’une scène cocasse: Un Niçois, si j’en crois l’immatriculation 06 de sa Mercedes, genre PDG en week-end galant, accompagné d’une jolie blonde à l’air peu farouche, lui proposait de boire une Manzanilla, ‘ce nectar dont vous (était-il déjà à tu ?) allez déguster toute la finesse !’ Il commande, appuyant sur les syllabes, dans la meilleure forme scolaire: Ca-ma-re-ro, por fa-vor, dos Man-za-nillas! Cinq minutes passent et notre hidalgo s’impatiente; le serveur précise que cette commande est inhabituelle à cette heure de la soirée et qu’il faut être patient. Une cloche tinte, la porte du passe-plat s’ouvre: Un plateau en argent, une théière du même alliage dont la vapeur sourd du goulot brûlant et… deux tasses pour une infusion de camomille! Gueule du cuistre qui en perd sa superbe. Mais non, je n’ai pas dit qu’il avait perdu sa superbe nunuche!

Explications, sourires entendus du personnel, évacuation du breuvage indésirable et, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, on sert aux tourtereaux deux grands verres de Manzanilla, titrant en degrés d’alcool ceux qu’ils ont perdu en température!

Pendant des années j’ai raconté cette histoire mais il y a peu, à Grenade, vers 17 heures, quand les fonctionnaires et employés sortent de la pause déjeuner-siesta, passent au bar pour prendre le café avant d’attaquer le travail de «la tarde», c’est-à-dire de 17 à 20 heures votre serviteur, fort de plus de vingt ans de pratique de l’idiome local, commande un ‘vino tinto’ pour ma femme et une Manzanilla pour moi. Arrive le ballon de rouge et… une infusion de camomille!

C’est l’arc-en-ciel: je ris jaune, je rougis, je suis vert de rage, blanc de colère et j’interpelle le garçon : «J’attendais une Manzanilla, ai-je une tête à boire une infusion? »

Le garçon très calme: «A cette heure de reprise du travail, il n’y a qu’un touriste pour boire de l’alcool, catégorie à laquelle vous ne me semblez pas appartenir» «Et si vous voulez vraiment boire de l’élixir de Sanlúcar, précisez : ‘Un’ Manzanilla (masculin, «oun»), le féminin «una» étant propre à l’infusion»

J’apprécie le compliment et l’info mais quand même… merde pour la tisane!

On ne m’a plus jamais entendu me gausser du PDG niçois ni faire le prétentieux en me moquant des touristes qui doivent encore apprendre la langue de Cervantès et les usages du pays !

 

Et si on parlait du temps

Ce matin je vais au patelin acheter le journal qui se vend dans… un bistrot.  Le premier qui dit que je me cultive grâce à cette particularité, je lui botte le cul. En effet toute ma vie j’ai acheté le journal du jour. Bon, j’ai aussi chaque jour fait au moins 20 minutes de ‘sociabilité’ en entrant dans un bistrot. Est-ce de ma faute si dans mon village on a confié la gestion de la presse à un bar ?

Mais le propos de ce ‘post’ est tout autre : Sur la terrasse du bistrot  deux autochtones ‘campesinos’, casquette vissée sur la tête, commentent bruyamment la météo du jour (Quelques éclaircies avant une nouvelle courte période de pluie). Rien d’anormal, mais une précision : Alors qu’il est facile de voir à l’Ouest les nuages en train de céder leur place à un ciel mi- ensoleillée ‘à la tarde’, mes deux paysans commentent les prévisions face à la paroi du bistrot, côté Est. Je vous la joue Hitchcock, avec un ‘suspense’  pouvant laisser penser à une éventuelle sorcellerie, un rituel ancestral divin… Mais non, bien que leurs yeux semblent orientés vers la façade en réalité ils sont focalisés sur… l’écran de leurs smartphones !

Vous, je ne sais pas mais moi j’ai vu deux gars de la terre se ridiculiser en train de perdre tout le savoir ancestral, notamment en matière de météorologie, une science normalement innée dans le monde rustique des paysans… en tout cas jusqu’à ce que la connexion (J’allais écrire ‘connerie’) soit devenue perpétuelle, pléthorique et omniprésente .

 

Une histoire de ‘vin aigre’… mais plus ‘aigre’ que ‘vin’!

Avant de partir nous réchauffer près de la Méditerranée  voici un petit texte qui rejoindra ma page: La rubrique ‘ethno’

Nous venions d’arriver en Andalousie, dans un hameau de la « Contraviesa Granadina »

Tout en haut de la liste de nos préoccupations pour survire dans ce pays, qui n’était alors pour nous qu’une contrée du ‘tiers monde’, il y avait bien sûr la recherche d’un point de ravitaillement en ‘vino tinto’ ! Et ça vous étonne ? Et si je vous dis que nous vivons dans cette partie de l’Espagne depuis 25 ans… ça vous étonne aussi non ?

C’est au moins la preuve que nous avons une certaine prédisposition à l’acclimatation. Aidés que nous fûmes par la gentillesse des natifs et leur sens de l’hospitalité, nous avons fini par mieux les connaître. Et eux aussi ont appris une certaine manière de voir les choses propres à notre culture du Nord. C’est ça l’échange, la découverte des autres (dans les deux sens !) et la convivialité. (Le premier qui parle de communautarisme… je lui botte le cul !)

Voici l’histoire :

On nous donne une adresse dans une bourgade en bord de mer, où on vend du vin de la région. Que je vous dise tout de suite qu’il s’agit de ‘Vino costa’, un vin du terroir ni rouge, ni blanc… mais une sorte de rosé ‘fourre tout’ qui ne mériterait même pas la qualification de vin en d’autres lieux ! Mais vous connaissez l’adage : Faute de grives…

Le vernaculaire nous emmène dans sa cave. Il ouvre ‘una garafa’ de 10 litres, remplit trois verres, deux pour nous et un pour lui. Nous trempons les lèvres sans conviction, goûtons avec un peu moins de méfiance et finissons par trouver le liquide ‘comestible’… sans plus !

Le vigneron ‘recape’ nos verres mais ne se ressert pas, justifiant cette abstinence ponctuelle par une prescription ‘matrimoniale’ à savoir que sa femme lui interdit de déguster plus d’un verre par visite de sa cave…

Retour dans notre village d’altitude avec ‘una garafa’ et dégustation en famille. Pouah !

Du vinaigre pur… je pèse mes mots.

Retour chez le producteur avec un ami du village, bon connaisseur des usages de la région.

Peu habitué à des retours de marchandise le vigneron, la mine un peu crispée, nous reçoit avec ses deux beaux-fils. Nous sommes donc 5 à attendre l’ouverture de notre ‘garafa’. Dégustation !

Le patron commence, boit une gorgée, fait une moue imprécise quant au ressenti à l’ingestion du liquide. Puis les deux beau-fils : même expression vide, échappant à toute obligation de qualifier breuvage.

Vient mon tour. Je suis mauvais acteur et incapable de dissimuler ma réaction à l’ingestion de ce vinaigre. Pouah ! Imbuvable.

Toujours entouré de visages impassibles, je demande à mon ami du village de s’y coller. Il boit son verre d’un trait. Aucune réaction en faveur ou en défaveur, mais un commentaire édifiant : « Bon, ce n’est pas ce que j’ai bu de meilleur mais tu sais… ici nous sommes habitués à boire bien pire ! »

A la fin de la séance d’appréciation du liquide le vigneron est bien obligé de se justifier. Tenez-vous bien, vous allez encore me traiter d’affabulateur mais jure que son propos est authentique :

« C’est vrai que j’avais constaté que le vin d’une ‘garafa’ n’avait pas très bon goût mais, afin de ne pas perdre les 10 litres (personnellement je continue à parler de vinaigre !) j’ai réparti le contenu en l’ajoutant, en petites doses, dans les autres récipients de ma cave ! »

L’imbécile (y a-t-il un autre mot ?) avait mis du vin vinaigré dans les autres récipients, contenant du vin jusque là probablement buvable. Résultat : Un stock complétement contaminé à l’acide acétique…

Vous étonnerais-je en disant que j’ai refusé qu’il me remplace la carafe, préférant récupérer mon premier (et dernier !) investissement dans « cette viticulture de très haute réputation».

Allez, j’élimine le mauvais goût que l’évocation de cette ancienne histoire provoque virtuellement dans ma bouche, en me rinçant les papilles avec une bouteille d’un excellent Albariño, un blanc des Baixas Bajas de Galicia !