Ascenseur pour l’échafaud

Z’avez l’bonjour d’Gaspard !

Gaspard ? Oui, celui qui vous fait subir les effets portant son patronyme…

Bon, vous avez le droit de penser (même de dire) que le bulbe rachidien d’akimismo surchauffe et qu’il devrait se mettre à l’ombre, et c’est du reste ce que je fais, depuis plusieurs jours. Et je vous prie de croire qu’ici les plus de 41° ont aussi pris de l’avance sur les canicules habituelles de l’été. Et dire que nous ne sommes encore qu’au printemps !

Gaspard ? Ah ! oui Gaspard-Gustave de Coriolis (1782/1843), un physicien français qui a donné son nom à la Force de Coriolis, qui établit que les masses d’air se déplacent toujours d’Ouest en Est, d’où mon allusion à ce savant particulièrement apprécié dans le milieu de l’aérostation.

C’est vrai que la météo que nous avons en Espagne passe souvent les Pyrénées pour influencer le temps en France et en Suisse, l’affaire d’un ou deux jours pour passer du Couchant au Levant, selon la vitesse du vent. En Andalousie, nous transpirons, mais les prévisions nous annoncent une descente de 10 à 15° pour les prochains jours.

Dans 4 jours: 22° la journée et 12° le matin. Chérie… t’as pas encore rangé les vêtements d’hiver non?

Chez vous, comptez quelques jours de plus pour retrouver la fraîcheur… et vos choix politiques de dimanche n’y changeront rien !

J’ai discuté de la situation avec nos pensionnaires de Jurassic Park. Ils demandent ce que nous trouvons à redire à cette douce tiédeur… Vous avez dit lézarder ?

J’en profite pour vous donner quelques nouvelles de nos animaux de compagnie:

« Alors… ça vient ce plat du jour?
La mue chez le Lagarto ocelado. Ça commence par un changement de couleur, plus clair ici sur la tête!
J’ai cadré la tête car il est difficile d’avoir une profondeur de champ correcte avec de la netteté de la tête à la queue… avec un 400 mm! (Pour mémoire, notre reptile mesure 60 cm!)

Nous essayons de faire l’inventaire de notre cheptel mais ce n’est pas facile. Certitude: Nous avons un couple d’adultes. Tiens, nous venons d’apprendre que les ménages chez ces sympathiques bestioles… durent au moins toute la saison. M’autoriserez-vous: Fidèles comme des lézards?

A part la taille, difficile de reconnaître les divers quémandeurs sous la fenêtre de la cuisine, alors que mon épouse distribue fromage, lard et jambon. Des certitudes pourtant : le ‘gros’ (photos !) est reconnaissable et s’il y a déjà un ‘jeunot’ à table… il le chasse. Ce qui n’empêche les gamins de revenir. Le tout géré de « mains de maîtresse de maison » par Cornelia !

Pour la gestion de la canicule, voici un détail qui pourrait vous intéresser, vous qui, à notre image, n’avez pas de revenus ‘rothchildiens’…

En fermant les fenêtres de toute la maison à l’instant ou la température extérieure et celle intérieure s’inversent (entre 10:00 et 11:30 heures) nous maintenons à l’intérieur 24 ou 25°, sans avoir encore utilisé une seule fois la climatisation cette année, puisqu’un ventilateur réglé sur faible ou moyen suffit pour maintenir une température agréable. Dans l’après-midi, il faut aussi abaisser (à mi-hauteur pour ne pas vivre dans l’obscurité !) les volets déroulants.

Avez-vous déjà pensé qu’un ventilateur consomme 50 watts (l’équivalent d’une ampoule) alors qu’une clim de taille moyenne normale ‘bouffe’ au moins 4000 watts, soit huit fois plus ! Intéressant non ?

Allez… une bonne nouvelle : dans 6 mois nous serons en hiver. Rien n’est perdu !

Interlude (10) Les aberrations administratives

Les meilleures choses ayant une fin, préparons-nous, moi le premier, à mettre un terme à la narration de Ma vie en monovision. Il ne reste que quelques chapitres. Allez ! Une petite pensée amblyope en attendant :

Je t’ai à l’œil

  J’adore cette expression, signifiant « Je te surveille » … sauf s’il s’agit d’une ‘dame’ qui fume dans la rue et dit ‘tu’ aux hommes car dans ce cas on pourrait croire qu’on ‘consomme’ sans payer !

Pour l’heure, après deux textes un peu lourds concernant la force mentale et physique d’un borgne, j’ai retrouvé matière à un Interlude pour une pause souriante, car la prochaine publication ‘A perte de vue’ sera aussi chargée de réflexions. Mais je rassure les âmes sensibles : l’histoire se terminera bien… en tout cas pour le moment !

Vous avez lu que je suis titulaire d’un diplôme d’employé d’administration (l’ENA du pauvre), donc j’avoue avoir été fonctionnaire de métier. Vous me pardonnerez, d’autant plus que je n’ai plus travaillé (vous avez dit travaillé ?) dans une administration depuis 1962, donc depuis 60 ans. Il y a alors prescription…

Je dédie cette réflexion à mes potes du blog Ernest, Jourdhu, Skyler et toutes celles et ceux qui se battent quotidiennement contre les stupidités et les aberrations d’un système administratif archaïque, sclérosé, pléthorique, parfois corrompu, souvent inutile et toujours prêt à ‘emmerder’ (oups, mes excuses Monsieur le Président !) les…  ‘administrés’ !

Voici l’une de ces aberrations, qui suscite une interrogation :

Doit-on autoriser les monoculaires à conduire ? Une question à laquelle ne peuvent répondre que ceux qui délivrent les permis, mais pourquoi ne pas demander leur avis aux borgnes ? Bon, je rêve !

J’avais un contrat de déneigement dans un lotissement de montagne, qui nécessitait un permis de conduire poids lourds pour manœuvrer la puissante fraiseuse que les responsables projetaient d’acheter. On me connaissait bien, on m’avait vu à l’oeuvre aux commandes de l’engin de déneigement Intrac 2000 de la photo, on m’offrait les frais du permis et une situation financièrement très confortable. Confortable ? Oui 60 euros de l’heure, il y a 45 ans, vous jugerez ! Un indice: Ce n’était pas en France!

Mais, sur avis négatif du médecin conseil du Service des automobiles, on m’a refusé le permis poids lourds, un document réservé aux « deuzyeutistes ! »  Constatation à peine goguenarde : ‘on’ m’a refusé un document exigé pour transporter 3520 kg de gravier (20 kg de plus que la limite du permis voitures qui est de 3500 kg !) alors que je peux conduire la plus puissante des Ferrari à pleine vitesse, un petit bus avec 17 personnes à bord et qu’on m’a donné les licences de pilote de montgolfière et de dirigeable à air chaud…

Mondo cane !

Ma vie en monovision (Chapitre 25) J’ai le vertige !

Il y a très longtemps, c’était en décembre 2021 (donc vraiment très longtemps !) une de mes lectrices avait avoué souffrir du vertige. Je lui avais promis des précisions. Pourquoi ne pas commencer l’année avec ce sujet ?

L’alpinisme et le vertige

Je pratiquais la randonnée à peaux de phoque avec des potes du Club Alpin, et à la fin du printemps, skis rangés, je me suis laissé convaincre de suivre un cours d’alpinisme pour découvrir la ‘grimpe’ en rocher, discipline que le ‘borgne’ avait ôté de ses ambitions sportives. Ne voulant pas perpétuellement parler de ma vue monoculaire, j’ai eu le malheur de dire au chef de cours que j’avais le vertige (Bonjour Louise !) Il devait attendre mon objection, qu’il avait entendue 1000 fois. Nous avons évoqué le sujet avant d’attaquer la première longueur sur une paroi de degré 3, donc facile. Et ce fût une révélation pour moi, une de plus. Je retiens que ce qu’on nomme vertige n’existe pas au sens qu’on lui donne. Ah bon ? Le vertige est un phénomène correspondant à une sensation de rotation de notre environnement avec « déplacement du corps dans l’espace ». D’autre part, la tête qui tourne en vous relevant après avoir été accroupi, n’a rien à voir non plus avec le vertige, c’est une hypotension orthostatique, soit une chute de la pression artérielle systolique. Donc oublions le vertige en montagne et ayons le courage d’admettre qu’il s’agit de peur… oui, la peur tout simplement ! J’avais, vous avez, la trouille, quitte à en perdre notre superbe, désolé !  Mais rassurez-vous, la peur se maîtrise, je l’ai compris en prenant conscience que vous ne risquez rien si vous êtes bien encordé, avec baudrier, mousquetons, pitons et… un bon ‘assureur’ à l’autre bout de la corde. J’ai rapidement été guéri de mon fameux ‘vertige’, mais pas de mon handicap de vue en monovision, malheureusement ! Et si mes amis n’ont jamais fait grand cas de mes difficultés, c’est de ma faute car j’ai toujours voulu faire aussi bien qu’eux et ils avaient fini par croire que j’étais ‘normal’ !

Débarrassé de ma peur j’ai même osé me lancer dans la pratique du parapente et le pilotage de montgolfières, découvrant une autre ‘révélation’ : la peur du vide est engendrée par la relation avec le sol. Depuis un balcon du 5ème étage, votre vue longe la façade jusqu’au sol. Vous avez des picotements dans les jambes. Vous avez peur ! Vous montez sur une échelle, vous vous tenez avec les deux mains,  et si vous ne regardez que la façade devant vous je ne dis pas que vous êtes à l’aise mais adieu les fourmis dans les mollets. Au rebours, si vous regardez le sol, la hantise du vide vous rattrape par le biais de l’échelle. Vous avez peur !

Vous appréhendez votre première ascension en montgolfière et annoncez votre ‘vertige’ au pilote. Etant aux manettes, c’est moi qui rassurais les autres… « Vous avez déjà pris l’avion et, après l’appréhension du départ, vous avez regardé par le hublot et sans référence vous reliant au sol, vous avez apprécié le magnifique paysage. Vous avez vaincu votre peur ».

Les ascensions en montgolfière, c’est moins courant mais c’est génial, que vous soyez passager ou pilote. J’ai terminé ma carrière d’aéronaute mais me souviens que quand nous faisions des activités en ‘captif’ j’avais des sensations différentes qu’en vol libre. Nous jouions à l’ascenseur, retenus au sol par des cordes à une hauteur de 40 mètres et j’étais bien placé pour rassurer mes passagers, leur disant que c’est la vue des cordes qui donne cette notion de hauteur ! Si vous les aviez vu cesser de regarder le sol pour fixer le paysage au loin…

Tiens ! Le paysage au loin… nous préparons le camping-car pour rejoindre, dans quelques jours, la Méditerranée puis l’Atlantique, à quelques encablures de Palos de la Frontera, d’où appareilla, un beau matin d’août 1492, un certain Cristoforo Colombo, pour découvrir ce qu’il pensait être les Indes…

Une vie de borgne (Chapitre 24) Vous croyez au père Noël ?

Moi pas… et je n’y ai jamais cru, comme en témoigne cette histoire que ma mère m’avait racontée :

A l’âge de 4 ans, j’avais reconnu Paul, l’aimable employé communal de mon village, déguisé en père Noël, qui n’avait pas réussi à me convaincre avec sa grosse voix et sa houppelande.

Oui, quatre ans … Était-ce déjà le sens de l’observation du borgne qui avait fonctionné ou une incrédulité innée ? Réponse dans une autre vie ! Peut-être avais-je aussi compris que ‘père Noël’ était une activité ponctuelle, éphémère et… saisonnière.  Au fait, a-t-il au moins le droit au chômage pendant ses plus de 360 jours annuels d’inactivité ?

Pourtant, les enfants qui croient au ‘distributeur de cadeaux’ me font presque envie. Du reste, avec mes parents, j’ai même été complice pour convaincre mon frère de 6 ans mon cadet, d’adhérer à la catégorie des gosses ‘dans la norme’. Je pense aussi que ma mère avait été frustrée par ma réaction d’enfant, évoquée plus haut.

C’est vrai que j’ai toujours eu de la peine à admettre l’existence non vérifiable des extra-terrestres, dont les représentations tiennent de l’hologramme, genre père Noël, loup garou ou même le paraît-il grand daron « qui est aux cieux ».

Si, par malheur, on nous imposait, par la contrainte, une idéologie de puissance suprême, comme on pourrait tenter de le faire avec ‘un certain vaccin’, je préférerais une religion tenant compte des effets de la lune et des marées, bref du concret, visible et vérifiable.

Einstein n’a-t-il pas dit que la religion de l’avenir sera cosmique… ou ne sera pas ?

Paradoxe ! Sans n’y avoir jamais cru, j’ai pourtant revêtu à mon tour la tunique rouge et la fausse barbe du père Noël : la première fois il y a 63 ans, dans l’épicerie d’une amie, qui n’avait pas les moyens de faire venir le ‘vrai’ !

Il est ou le salopard qui m’a photographié face au rayon des spiritueux?

Puis, des années plus tard, j’ai fait partie de l’escorte volante du père Noël aux Diablerets. Le directeur de l’école de parapente avait revêtu l’uniforme de Saint Nicolas, suivi par 5 ou 6 ‘civils’. Nous avions décollé du glacier, à plus de 3000 mètres d’altitude, pour nous poser, 40 minutes plus tard au centre du village à 1200 m.

Ce vol exceptionnel, le plus beau de ma trajectoire de parapentiste, au cours duquel nous avions côtoyé les aigles à quelques dizaines de mètres, avait incité le téméraire borgne que vous commencez à connaître (!) à mettre la pédale douce et arrêter de tutoyer les éléments à risque. Ce fut mon dernier vol en parapente avant de vendre mon aile et de passer, hé hé… à la montgolfière !

Quelques années plus tard je me déguisais à nouveau pour me poser, au même endroit, en montgolfière cette fois, distribuant des cadeaux aux enfants sages !

Belle phrase hein ? Un peu fleur bleue non? Bon ! si cette histoire évoque pour vous un conte de Grimm, où il manquerait juste Hansel und Gretel et la maison en pain d’épices… revenez sur terre pour savoir que, pour une fois, c’est le père Noël qui a menti aux enfants…

La véritable histoire, la voici :

Le temps était instable et nous avions discrètement gonflé le ballon à l’écart, avant de le tirer à la corde, sur le lieu d’animation. Je m’étais glissé en catimini dans la nacelle, m’accroupissant au fond pendant que, comme un tour de passe-passe, Michel le pilote entre à son tour dans le panier, faisant du bruit en actionnant les brûleurs pour distraire l’attention du public. Il avait décollé, retenu par les cordes, après avoir clamé qu’il allait chercher le père Noël. Mon farceur d’ami avait même embarqué sa trompette pour quelques ‘pouet pouet’ à 40 mètres du sol, un autre artifice pour ‘noyer le poisson’ et préparer l’arrivée de « qui vous savez ».

Loin de la vue des spectateurs, toujours accroupi au fond de la nacelle, j’avais revêtu la houppelande embarquée préalablement et endossé la hotte aussi trouvée au fond de la nacelle. Puis Michel a laissé descendre la montgolfière avec le ‘déguisé’ à ses côtés.

J’entends encore les applaudissements, c’était un grand, un très grand moment !

Après ce pieu mensonge sur la provenance du ‘barbu’ et sa vraie fausse arrivée sur terre, je confirme que je n’y crois toujours pas, mais si vous avez besoin d’un lapin de Pâques le 4 avril prochain, faites-moi signe. Il vous faut juste trouver un costume, une montgolfière… et un pilote car j’ai renoncé depuis très longtemps à ma licence !