Sur ce blog, avec quelques ‘aminautes’ originaux, nous avons échangé des commentaires sur le fameux film Ascenseur pour l’échafaud et sur sa musique, non moins fameuse, de Miles Davis.
Sachant que vous êtes nombreux à avoir aimé cette pellicule, voici quelques commentaires personnels qui vont vous étonner.
Rappelons que ce film, réalisé par Louis Malle, est de 1958 (à cette époque je fréquentais encore régulièrement les ‘salles obscures’, habitude que j’ai abandonnée en 1968)
Les acteurs principaux étaient Jeanne Moreau et Maurice Ronet. Avec une apparition de Lino Ventura dans le rôle du commissaire. Je vous parlerai de la musique originale plus loin…
Pour moi, ce n’est pas la musique qui m’avait marqué mais l’apparition d’une Mercedes 300 SL, vous savez, cette voiture aux portes papillon,
qui ne passait pas inaperçue sur les routes et les circuits de cette époque. Cette légende automobile (j’ai eu l’occasion d’en piloter à plusieurs reprises, eh oui…) est une des vedettes du film, car ‘volée par de jeunes voyous’ (oui, cette catégorie de racailles existait déjà dans les années 50) elle participe à l’intrique et l’enquête.
Je vous ai promis un ajout personnel… le voici :
J’ai un bon ami trompettiste qui me parlait souvent de Miles Davis. Et ça ne me disait rien, jusqu’au moment où, en parlant du film, j’apprenais que la musique était signée Miles Davis. Mon pote me racontait sa passion pour le musicien, qu’il èvoque du reste encore souvent avec sa trompette bouchée, non sans talent. Salut Michel !
Voici mon histoire, incroyable mais pourtant parfaitement authentique :
Nous avions passé un accord avec la direction du Paléo Festival de Nyon. Ils nous permettaient de gonfler une montgolfière (publicitaire !) à l’une des entrées du festival à condition d’embarquer ceux de leurs clients, récompensés pour je ne sais quelle action, pour une ascension en captif.
Pour ceux qui n’ont pas encore lu ma page de titre spéciale Ma vie en monovision sur ce blog, une ascension captive permet de monter à une quarantaine de mètres de hauteur, retenu au sol par 3 solides cordes de 60 mètres.
Ce 27 juillet 1990, à la tombée de la nuit, j’étais aux commandes de l’aérostat lorsque que débarquèrent, discrètement, trois hauts dignitaires du festival, dont le grand responsable de la programmation, Jacques Monnier.
Il m’annonce que Miles Davis est d’accord d’entrer en scène, pour sa toute première apparition dans un festival en plein air, alors même qu’une montgolfière s’élèverait à quelques mètres. On me sermonne sur l’obligation de faire le moins de bruit possible, pour ne pas déranger la prestation du ‘maître’ ! Tu parles… c’est un peu comme si on demandait à Fernando Alonso de ne pas faire trop de bruit au départ d’un Grand Prix de Formule un.
J’invite les grands pontes monter à bord, maintiens la chauffe en maîtrisant le bruit. Les trois sont déjà (nous sommes en 1990) équipés de téléphones portables.
On me demande de monter un peu, pour voir la scène située à une trentaine de mètres. Bon prétexte pour tester le « brûleur à vaches », une astuce qui s’utilise normalement pour le survol des troupeaux, sans effrayer les vaches ou les chevaux. Il s’agit d’un by-pass permettant aux brûleurs de fonctionner sur la phase liquide, mais non ‘détendue’ du propane. Ce n’est pas totalement silencieux mais parfaitement acceptable pour … un trompettiste de jazz !
Les téléphones annoncent l’entrée en scène imminente de l’artiste. J’envoie un grand coup de chauffe assez soutenu, le ballon monte au point de retenue des cordes. Je maintiens la chauffe au moyen du brûleur à vaches jusqu’à l’entrée du musicien.
Vont suivre, sans chauffer le ballon, la minute trente la plus longue de ma vie de pilote, avec les premiers accords de la trompette magique sur la grande scène, le tout vu d’une quarantaine de mètres de hauteur.
Il suffira, toujours sans chauffer, de laisser redescendre l’aéronef par l’inertie du refroidissement, jusqu’à la hauteur des arbres, de freiner au tout dernier moment, d’un grand coup de brûleurs, sans perturber le concert du siècle et surtout sans risquer de nuire à l’intégrité physique des organisateurs à la pose !
Merci de m’avoir suivi, espérant que vous n’avez pas eu le temps de voir quelques traces lacrymales sur mes joues, au souvenir de ce moment exceptionnel de ma vie !
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